Cela fait quelques années que le Musée d’Aquitaine a décidé d’élargir à nouveau son horizon à l’histoire des relations entre Bordeaux et le reste du monde. Notamment la sombre et dense histoire qui lie la capitale régionale au continent africain, dont les réserves du musée d’Aquitaine, riches en oeuvres africaines, sont les témoins.

C’est dans ce contexte que le musée propose à partir d’aujourd’hui une grande exposition consacrée aux arts d’Afrique, dans la lignée de celles qui avaient fait sa renommée dans les années 90. Sous-titrée «voir l’invisible», elle s’intéresse particulièrement aux rapport des sociétés africaines avec l’invisible dans le cadre des pratiques et croyances telles que magie, divination, rites initiatiques ou culte des ancêtres.
250 objets rassemblés
L’exposition est organisée en trois grands espaces correspondant à des types d’objets différents. D’abord les masques, objets de savoir et outils de transmission ; puis les statues, objets de devoir qui permettent de communier avec les ancêtres ; enfin les fétiches, objets de pouvoir chargés de forces qui influent sur le cours des choses. « C’est un regard nouveau porté sur l’art africain, explique Paul Matharan, commissaire de l’exposition. Nous nous attachons à montrer au travers de ces objets que l’art est un système figuratif qui permet de prendre contact avec l’invisible ». La plupart des pièces exposées vient de quatre grands musées européens (Quai Branly, musée Dapp, musée de Tervuren à Bruxelles et musée de Neuchâtel) et de 35 collections privées. 

De nombreux inédits
« Environ 80% de ces pièces n’ont jamais été exposées, affirme Didier Claes, l’un des quatre experts qui a participé à la préparation de l’exposition. Il y a beaucoup d’expos sur l’art africain en ce moment, mais les oeuvres qu’on choisit d’y montrer sont très souvent les mêmes car la plupart des commissaires ne veulent pas prendre de risques en sortant des sentiers battus. Ici vous avez des pièces majeures que le public n’a jamais vues. » En ce sens aussi, il s’agit de donner à « voir l’invisible.»•   Sophie Lemaire
Jusqu’au 21 août, du mardi au dimanche de 11h à 18h. 2,50-5€.  Visites commentées tous les dimanches à 15h sans surcoût.