Le marathon promotionnel de Daniel Auteuil lui a permis de renouer avec Bordeaux le temps d’une journée. Son dernier film, « La fille du puisatier », est en salles à compter d’aujourd’hui.

Remake d’un film réalisé par Marcel Pagnol en 1940, cette première adaptation de, et avec, Daniel Auteuil pourrait avoir une suite. «J’ai en tête un roman, d’un auteur provençal très célèbre, qui se passe en Provence... », lâche hilare l’intéressé. Sans pour autant donner le titre du roman de Pagnol qu’il a dans le viseur ! En effet, installé en Avignon dès l’âge de deux ans, le jeune sexagénaire n’imagine pas se lancer à réaliser une histoire qui ne soit pas déjà écrite et dont l’univers ne lui soit pas familier : « Jacqueline Pagnol m’a donné à lire ce texte, en me disant que j’étais maintenant assez mûr pour lui donner vie. C’est le sujet qui a permis mon passage derrière la caméra : ces gens, cette époque [la guerre de 39-45], je les connais. Cet univers me fait écho », souligne celui qui s’est forgé un nom en tant qu’acteur, voilà vingt-six ans, en jouant Ugolin dans deux adaptations de romans de Pagnol signées Claude Berri (Jean de Florette ; Manon des sources). « De Claude, je n’ai repris qu’une chose : un gros plan de Patricia devant des roseaux », glisse Daniel Auteuil, satisfait d’un travail qu’il juge « fait sincèrement, sans aucun cynisme ».

Une histoire très actuelle
De la sincérité, de la fraîcheur, le spectateur un poil fleur bleue y trouvera son compte. Le film est honnête, mais sans surprise. Si l’acteur Daniel Auteuil a pris le risque de revenir vers un rôle fétiche, Ugolin, le réalisateur Daniel Auteuil n’en a pris aucun : chez Pagnol, tout est écrit, jusqu’au bruit du vent. Porté à l’écran le 20 décembre 1940, avec Fernandel et Josette Day dans les rôles titres, la trame de « La fille du puisatier » est intemporelle : une toute jeune fille, Patricia (Astrid Begès Frisbay), rencontre l’amour à 18 ans, tombe enceinte et est exilée par son père (Daniel Auteuil) chez une sœur qui a « elle aussi fait de grosses bêtises », en son temps. «C’est l’histoire d’une fille-mère. Un thème on ne peut plus actuel : 2 700 mineures se font avorter chaque année en France, et des foyers accueillent de très jeunes mères », déclare, grave, Daniel Auteuil. Mais réalisé par Pagnol en pleine seconde Guerre Mondiale, « La fille du puisatier » reste délibérément à distance de tout registre complexe et sombre. Comme sait pourtant l’être la vraie vie, parfois.•
Karine Ménégo
« La fille du puisatier» (2h, drame), en salles aujourd’hui. Avec Daniel Auteuil, Kad Merad, Astrid Bergès-Frisbey, Sabine Azéma, Jean-Pierre Darroussin, Nicolas Duvauchelle.