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John Valadez au musée d'Aquitaine : Chicano et fier de l’être PDF Imprimer Envoyer
Jeudi, 05 Juin 2014 06:00

Le peintre, muraliste et photographe américain John Valadez est en résidence pour six semaines au musée d’Aquitaine. Depuis les années 1970, il a contribué à développer aux Etats-Unis une imagerie puissante et fière de l’identité chicano (mexicaine américaine). Il réalise en ce moment une fresque de 4 x 8 m qui sera dévoilée le 26 juin sur la façade du musée


 

à l’occasion de l’ouverture de l’exposition « Chicano Dream » dont l’essentiel des 70 œuvres montrées sont la propriété du réalisateur et acteur américain Cheech Marin (« SOS Fantômes 2 », « Spy Kids » 1 & 2...). En attendant cet événement inscrit dans le cadre du 50e anniversaire du jumelage Bordeaux-Los Angeles, rencontre avec John Valadez dans les ateliers du musée d’Aquitaine. 



Où en est la représentation des Chicanos aujourd’hui ?

Dans les années 1960 et 1970, nous étions pour les Américains des Américains de seconde zone et pour les Mexicains nous n’étions pas des Mexicains. Pourtant, entre la guerre du Vietnam, le mouvement pour les droits civiques et les très fortes disparités économiques et sociales qui existaient aux États-Unis, nous étions dans la croyance d’appartenir pleinement à ce pays. Durant ces années-là, nous avons lutté pour la reconnaissance de cette double identité.

L’erreur de l’Amérique est de nous avoir éduqué, d’avoir fait de nous des scientifiques, des chercheurs, des artistes, etc. Je voulais être artiste et recevoir un enseignement académique pour peindre ma “classe”, mon environnement, mes racines. Dans les années 1960, nous avons été les premières générations à défendre cette double identité. Aujourd’hui, lorsqu’une jeune Américaine blonde vient me demander en ayant l’air dérangé si ça a encore du sens de se définir chicano, je réponds oui. Oui, en raison de la gêne qu’elle éprouve à me poser cette question. 



Depuis vos débuts, le traitement de l’identité chicano a-t-elle évolué dans votre œuvre ? 

Je n’ai jamais réalisé mes œuvres dans le but de séduire. Quand j’ai commencé, mes productions étaient virulentes et dures. Je disais d’ailleurs à mon galeriste qu’il ne les vendrait jamais. Mais à Los Angeles, vous trouverez toujours quelqu’un qui s’intéresse à votre travail. Aujourd’hui, je ne suis pas dans l’accusation. Je suis plus subversif. Je dis les choses avec humour et ironie, même si ces deux traits de caractère ont toujours été présents. 



Cheech Marin qui a collectionné des oeuvres d’artistes chicanos dont on pourra voir une belle sélection dans « Chicano Dream » est-il le plus gros acquéreur de votre œuvre ? 

Il fait partie des collectionneurs privés les plus importants, c’est vrai, même si beaucoup de mes pièces ont été acquises par des musées américains. Pour l’anecdote, le réalisateur Denis Hopper a déjà acheté mon travail. 



La fresque murale que vous réalisez ici s’inspire-t-elle de Bordeaux et de ses environs ? 

Je suis arrivé avec une idée de ce que je voulais faire. Cette fresque mélange l’univers de la voiture et le sentiment de la colère. Elle découle d’un travail plus ancien que j’ai mené sur les Car Shows et les voitures customisées. Pour cela, j’ai collecté des images de la situation en Ukraine, en Crimée et sur le Printemps arabe. Les personnages proviennent de ces différentes régions du monde. Et puis, il y a une 2CV et une plage de la côte Atlantique... 



Que deviendra-t-elle à l’issue de l’exposition ?

J’en ferai don à l’Association des amis du musée qui m’a invité en résidence. Les membres ont le projet de l’offrir à la ville qui cherchera un endroit où elle pourra être accrochée de façon permanente. 



C’est votre premier séjour à Bordeaux. Vos impressions sur la ville ? 

Je vois beaucoup de ressemblances avec Los Angeles, le ciel, le temps, son côté bourgeois, son multiculturalisme, des jeunes qui étudient. Je vois aussi cette culture ancienne, ce goût pour la musique, le cinéma. J’ai du mal à imaginer que le fleuve, il y a dix ans à peine, était déserté ou à l’abandon et que la ville était différente de ce qu’elle est aujourd’hui. •

Recueilli par Camille Carrau

Photo : « Cette fresque mélange l’univers de la voiture et le sentiment de la colère. » © Florian David - Mairie de Bordeaux

 

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