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Vie Sauvage : Odezenne, l’explosion, l’air de rien PDF Imprimer Envoyer
Jeudi, 12 Juin 2014 06:00

On aime ou on déteste : avec Odezenne, c’est tout ou rien. « Rien », leur nouvel EP, c’est tout Odezenne résumé en cinq titres : irrévérencieux et inspiré, potache parfois mais toujours outrageusement libre. Entretien avec l’un des deux chanteurs, Alix, à la veille de leur passage au festival Vie Sauvage, samedi, à Bourg-sur-Gironde.

 

On vous avait laissés sur la dernière date, à Cenon, de la tournée du 2e album, « Ovni ». Depuis, vous êtes partis plusieurs mois à Berlin. Besoin d’un saut vers l’inconnu ?

L’idée, c’est qu’on part du principe que le groupe doit se réinventer à chaque album. Plus que ça, il doit se reformer. Chaque album, c’est une couleur différente sur un cycle de création complet : l’écriture, le son, l’univers visuel qui va autour, puis les enregistrements, les tournées… On est avant tout un trio d’amis qui se connaissaient avant de faire de la musique : à chaque fois, c’est pas une évidence qu’on continue, on n’a pas de plan de carrière. Après « Ovni », on a bien essayé de refaire “de la soupe dans les mêmes plats” mais ça tournait en rond. Alors Berlin, c’était une rupture : on a quitté nos boulots, nos nanas, nos lieux, nos habitudes… Zéro repère. Le moyen radical qu’on a trouvé pour que ça provoque quelque chose en nous. 



Et c’est là-bas que vous avez écrit « Rien » ?

Là-bas, on ne s’est obligé à rien. J’ai écrit des nouvelles, Jaco s’est baladé, Mattia a écrit de la musique pour lui… On était en coloc tous les trois et on a loué et monté un studio en investissant dans des vieux synthés et boîtes à rythme vintage mythiques avec l’argent gagné sur la tournée d’« Ovni ». Et au bout d’un mois et demi un peu difficile, il s’est produit un truc, une nouvelle méthode de travail est née entre nous. On était bien, très productifs : fin février, on devait bien avoir 20-25 beaux chantiers pour un album à venir. 


Mais on est parti tellement loin qu’on s’est dit que les gens n’allaient pas comprendre d’où ça venait. Et comme les dates pour cet été n’arrêtaient pas de tomber, on s’est dit qu’on ne pouvait pas arriver avec seulement des morceaux vieux de trois ans. Pour respecter l’ordre de création, on a repris du matériau écrit avant, qu’on a réarrangé à la manière du son qu’on prépare pour l’album. « Chimpanzé » et « Novembre », ce sont d’anciens textes à la sauce Mattia d’aujourd’hui. « Rien » et « Dieu était grand », par contre, ce sont vraiment les prémices de ce qu’il y aura dans l’album. 



Déjà que vous étiez assez singuliers alors, là, si je peux me permettre, vous ne ressemblez plus à rien…

[Rires] Merci, c’est gentil, je prends ça très bien ! Ce n’est pas une démarche en soi, d’essayer de nous différencier. Mais petit à petit, on s’éloigne de tout ce à quoi on pouvait nous associer. Et c’est un peu normal : le rap, Mattia n’en écoute jamais, moi la pop je n’en écoute jamais… On essaie juste de faire le son qu’on a envie d’entendre, une musique en français qui nous plaît. Avec une exigence autant dans la musique que dans les textes.

« Rien », c’est le morceau de notre discographie dont je suis le plus fier. D’abord c’est l’un des premiers écrits avec notre nouvelle méthode, vraiment à deux avec Jaco. Là, on n’est plus dans l’héritage du rap ni dans celui de la chanson, on est déjà un peu ailleurs. Et c’est vraiment le son qu’on voulait faire depuis longtemps. On a mis six ans à le chercher et là on l’a enfin trouvé. À l’avenir, ce sera ça mais en plus poussé…



Sur l’EP, il y a aussi « Je veux te baiser » qui fait un buzz pas possible sur la toile…

Oui, on a toujours aimé lâcher des morceaux un peu ovni comme ça – comme « Bûche » ou « Tu pu du cu ». C’est pour nous un geste de liberté, une manière de dire au public qu’on ne s’interdit rien, “ne nous attendez nulle part et ne nous collez surtout pas d’étiquette”. « JVTB », on savait que c’était un bon titre – c’est un peu notre job, jouer avec les mots – et on l’a soigné avec autant de cœur que les autres. Mais on ne s’attendait pas à ça. Avec notre réalisateur Martin Winkler, on avait cette idée d’un morceau-clip complet, qui jouerait avec tous les clichés, ceux de la chanson salace dans les textes, ceux de la soirée teenager où tout le monde se défonce (je sais même pas si ça existe), jusqu’à la scène du coucher de soleil bien mièvre…


Ce qui est drôle avec ce titre, c’est qu’on n’avait jamais autant attisé le débat avant… et aussi qu’il s’assume à plusieurs. Il y a des gens qui hurlent en commentaires, mais pour la première fois nos fans se soudent pour nous défendre ! Ça c’est une première victoire. Ça nous a d’ailleurs fait assez bizarre sur scène, là, récemment à Tours, quand la chanson était chantée par 2 500 personnes ! Et puis, il y a pas mal de gens qui se disent qu’ils ne peuvent pas s’arrêter à ce seul titre alors ils écoutent le reste et, ça c’est une autre victoire. Plus on écoute notre musique, plus on est satisfait, c’est aussi simple que ça…



Depuis votre retour, vous enchaînez les dates avec prochainement Solidays, les Eurockéennes, les Francos, les Charrues (et un Olympia en mars 2015 !)… Bookées alors que l’EP n’était pas sorti !?

Oui, on était à Berlin et Base Prod. n’arrêtait pas de nous appeler pour rajouter des dates, on a dû leur dire d’arrêter à 20 sinon on était parti pour 40 ou plus… Faut bien comprendre que, même si on a un buzz comme jamais avec seulement un EP et deux beaux clips, tout ça reste quand même très confidentiel finalement. On n’a jamais fait une seule télé, on n’est dans aucune playlist radio nationale, on ne fait même pas de couvertures de magazines, contrairement à d’autres du même “gabarit” comme Frànçois & The Atlas Mountains (que j’aime beaucoup par ailleurs) ou Christine & The Queens – quand j’y pense je me dis qu’on aurait dû s’appeler les Odezenne & The Je-sais-pas-quoi… Si toutes ces dates tombent maintenant, si les programmateurs ont l’air de se réveiller avec trois ans de retard sur « Ovni », c’est grâce au bouche à oreille et, ça, ça prend du temps. 



À Vie Sauvage, on aura droit à quelques avant-goûts du futur album ?

Ça dépend toujours comment ça se passe, c’est cliché de dire ça mais un concert ça se fait à deux avec le public. Mais bon, c’est pas tout à fait Bordeaux mais il devrait y avoir beaucoup de Bordelais alors, si le public est demandeur, en plus de l’EP en entier et de quelques anciennes comme « Saxophone », « Chewing Gum » ou « Tu pu du cu », on jouera sûrement des inédits.

On est d’ailleurs super contents de jouer à Vie Sauvage, pas loin de chez nous. Qui plus est dans un jeune festival où tout le monde se donne du mal pour que ça ressemble à quelque chose, que ça se différencie – ça manque, ce genre de son, dans la région. J’espère qu’on va être à la hauteur : quand tu joues aux Charrues, même devant 30000 personnes, tu restes l’outsider mais, quand un jeune festival compte sur toi pour vendre des billets et faire venir du monde, t’as intérêt à assurer… • 


Recueilli par Sébastien Le Jeune

www.odezenne.com

Samedi 14 juin, au festival Vie Sauvage avec aussi Fakear, Isaac Delusion, Lawrence Arabia, Babe… Dès 18h, 17-20€.
www.festivalviesauvage.fr

Photo : « Notre son, on a mis six ans à le chercher et on l’a enfin trouvé. À l’avenir ce sera ça en plus poussé. » © Mathieu Nieto

 

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