Cela fait trente ans qu’Arc en Rêve distille sa passion de l’architecture au public bordelais. Erigée avec le temps au rang d’institution culturelle, elle fêtera ce soir en grandes pompes trois décennies de travail culturel et pédagogique intense. Retour sur les grands moments d’Arc en Rêve avec sa fondatrice et directrice Francine Fort.

1980-81 : la naissance
« Nous avons créé l’association en mai 1980, portés par la dynamique nationale des «1000 jours de l’architecture». Au départ c’était un projet militant, une initiative enthousiaste qui a pris rang «d’institution» par la reconnaissance immédiate du maire Jacques Chaban-Delmas. Nous avons aussi été portés par l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 dans la mesure où elle s’est traduite par la création du fameux «1% culture» qui a permis à Arc en Rêve d’avoir les moyens de fonctionner. C’était le début de l’aventure

1989-90 : un rêve pour les quais
«Nous avons lancé un appel à idées international pour une réflexion sur l’avenir des deux rives de Bordeaux. Sept architectes de grand renom y ont participé, comme Rem Koolhaas, Jean Nouvel, Christian de Portzamparc ou Zaha Hadid. Nous leur demandions de rêver d’autres possibles pour les quais. Je suis convaincue que ce travail culturel d’Arc en Rêve a vraiment permis à la ville d’imaginer que les quais (qui étaient bien différents à l’époque) pouvaient être aménagés autrement.

1995-96 : Juppé après Chaban
Le changement de maire est une période importante pour une association comme la notre dont la ville est le principal soutien financier. Mais en 1996 Alain Juppé a reconduit notre convention et nous a confié l’exposition du projet urbain de Bordeaux. Donc on peut dire que ça s’est plutôt bien passé pour nous !

2000-01 : «Mutations»
Ces années-là ont été marquées par notre grande exposition «Mutations». Avec Rem Koolhass comme commissaire, Jean Nouvel pour la scénographie. Cette exposition a été exportée à Tockyo, Bruxelles et Milan. Surtout, nous y étions en avance sur les questions de transformation de la société (l’urbanisation accélérée, les questions de pollution etc). Cette exposition reste une grande fierté pour moi.

2011 : nouvelle étape
Arc en rêve fête ses 30 ans ce soir, mais notre propos n’est pas de faire un bilan. Nous voulons vivre cet anniversaire comme un nouveau passage. Au-delà des grands rendez-vous et des architectes prestigieux qui sont venus nous voir, il faut insister sur le travail pédagogique que nous menons, cette partie immergée de notre iceberg. Notre mission est de construire une culture de l’architecture partagée par le plus grand nombre. Car l’architecture est à la fois très familière puisque nous vivons tous dedans, mais en même temps perçue comme réservée à des spécialistes. Nous devons sans cesse susciter et nourrir la curiosité. C’est ce que nous allons continuer à essayer de faire».•   Propos recueillis par Sophie Lemaire

Yellow Night d’Arc en Rêve, ce soir à partir de 19h30. Entrée libre sur invitations.