En voila une qui ne s’embarrasse pas des conventions. De scène en scène, de plateau télé en studio de radio, Elisabeth Buffet promène son personnage de quadra célibataire un peu félée, qui cherche l’amour en descendant des bières. C’est (très) cru, c’est drôle et ça sent le vécu. Une version politiquement encore moins correcte des héroïnes de Sex & the City à découvrir le 29 avril sur la scène du Fémina. Entrée en matière.

L’humour c’est une seconde vie pour vous...
Elisabeth Buffet : Oui, ça s’est plutôt passé lentement. Dans les années 90 je voulais être comédienne, mais on ne m’appelait pas souvent ! Alors avec une copine on s’est mises à écrire des sketches. Mais on n’avait pas assez la «gnaque» pour y arriver ni l’énergie pour aller toquer aux bonnes portes. Donc je suis rentrée à la Fnac, où j’ai travaillé pendant huit ans. Mais ça m’a re-démangé. La quarantaine approchant, c’est le genre de questions qui se posent... alors j’ai recommencé à écrire et à jouer, « Juste pour Rire » m’a déniché, et me voila. Mais on ne peut pas dire que tout ça se soit fait dans la fulgurance !

Comment vous analysez votre succès aujourd’hui ?
C’est populaire, c’est du vécu... au début je voyais surtout un public féminin, elles emmenaient leur mec en leur disant «tiens tu va voir ce que c’est qu’être une femme!» Et puis finalement les hommes accrochent aussi, ils sont moins hermétiques à ce genre de choses maintenant. Moi même j’ai évolué, je suis plus féminine, j’y met plus les formes...

Enfin, ça reste quand même très cru ! En cela on vous compare souvent à Jean-Marie Bigard, qu’est ce que vous en pensez ?
Les extraits de sketch qu’on voit partout sont crus, c’est vrai, mais il y a une d’autres dimensions dans le spectacle : une réflexion sur le vieillissement, la difficulté d’être une femme célibataire, qui fait qu’on accepte de se retrouver dans des situations délicates pour réussir à trouver l’amour. Comme accepter d’aller au Cap d’Agde dans un camp de naturistes ou subir des épilations douloureuses. Et puis dans mon spectacle il n’y a pas le coté macho de Bigard. Il y a plus d’auto-dérision, c’est très souvent de moi que je me moque.

Rassurez-moi : tout ce que vous racontez n’est pas du vécu...
(Rires) Non, pas tout ! Mais quand même... j’ai puisé beaucoup dans mon expérience, ou dans des histoires qui sont arrivées à des copines. Ce sont des thèmes universels, on se retrouve forcément dans ce personnage qui est sympathique : elle a une sorte de loose optimiste.

Est-ce que c’est un spectacle féministe ?
Non. C’est un spectacle féminin, pas féministe. J’ai tendance à considérer le combat des femmes comme gagné, alors je n’ai pas de discours revendicateur. Même si c’est vrai que c’est difficile pour les femmes de réussir à tout avoir : liberté et amour, pouvoir et séduction...

Vous préparez déjà la suite ?
Oui, je commence à écrire le prochain spectacle. C’est ce qui est bien en tournée : on rencontre plein de gens, on papote et on pioche plein d’idées. Le week-end dernier j’étais à Lyon et Grenoble, et bien je peux vous dire qu’à Grenoble il s’en passe des choses ! (rires) Parfois le réel dépasse tellement la fiction...•

Sophie Lemaire
Le 26 avril au Fémina, 20h30, 31€.