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Ita-Rose sort de l'ombre PDF Imprimer Envoyer
Mardi, 26 Avril 2011 22:29

Ita-Rose n’est qu’une parmi d’autres, prises dans l’engrenage de la barbarie nazie. Son mari est tombé sous les balles de Klaus Barbie. Trois de ses cinq enfants sont morts en déportation.

Des décennies plus tard, elle a mené avec les époux Klarsfled le combat qui a permis de traduire Klaus Barbie en justice. Ita-Rose est morte peu après. Son histoire revit cette semaine au Glob grâce au théâtre d’ombres de Céline Garnavault (cie la Boite à sel). Tout en pudeur et en retenue, sans subterfuges ni effusions, elle met sans l’avoir vraiment prémédité sa pierre à l’édifice considérable du travail de mémoire.

Comment avez-vous «rencontré» Ita-Rose ?

Céline Garnavault : J’ai été amenée à travailler sur « l’Horizon Bleu », adaptation d’un texte qui évoque le parcours d’une femme pendant la Première Guerre Mondiale. Cette approche m’intéressait, je cherchais un autre texte. Un jour une spectatrice m’a donné l’album «Ita-Rose» de Rolande Causse et Gilles Rapaport (2008, ed. Circonflexe). Il retrace par le texte et l’illustration le parcours de cette femme incroyable et de sa famille, tellement symbolique de toute une période. ça m’est alors apparu comme une évidence.

Le choix du théâtre d’ombres s’est fait naturellement ?
Je voulais travailler à partir de l’illustration autant que du texte. Mais comment ? J’en ai parlé à Dinaïg Stall, marionnettiste, avec qui je travaille et pour elle l’ombre était une évidence. Elle correspond bien au travail de l’illustrateur sur l’album. Et elle constitue évidemment un symbole très fort. J’ai rencontré les deux enfants survivants d’Ita-Rose. Ils m’ont autorisée à raconter cette histoire et son fils Alexandre m’a dit «Faites que ce soit simple !» ça voulait dire: ne tombez pas dans les violons ou les grands effets. Cela correspond aussi à mon approche : j’adore travailler sans machinerie, sans illusions. Avoir un rapport plus direct au public.

L’album s’était déjà gardé de tout pathos. C’était aussi votre volonté ?
Pour ce genre de témoignage, c’est ce qu’il faut faire, me semble-t-il. Sinon c’est trop dur. Trop dur pour moi, en tout cas. L’histoire elle-même est déjà suffisamment terrible. L’ombre projetée est un médium simple qui permet de faire passer des sentiments forts. Sur scène, l’actrice Anne Charneau garde de la distance avec l’histoire qu’elle raconte. Et de la douceur. Nous avons regardé beaucoup de témoignages de rescapés et nous avons remarqué cette douceur qui se dégage d’eux. Au lieu de photos, elle utilise ces petites silhouettes fixes, que seules les projections de lumière viennent animer sur divers supports.

Chaque silhouette incarne un membre de la famille ?
Oui, et certaines personnes qu’ils croisent sur leur route. Mais pas Klaus Barbie ! Nous n’avons pas voulu lui donner cette incarnation. ça aurait été trop brutal. Je voulais que ce soit recevable par tous. Je pensais aux enfants d’Ita-Rose. On sent que la blessure est tellement vive en eux malgré le temps écoulé. A chaque étape de la création du spectacle je me demandais : «est-ce que cela serait supportable pour eux ?» •
Recueilli par Sophie Lemaire
Ita-Rose, au Glob Théâtre. Ce soir et demain à 20h, vendredi et samedi à 21h. 8-16€.

 

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