Cinéma muet et musique live, Le mélange a déjà fait ses preuves. Ajoutez-y une vraie audace dans la programmation, et vous obtiendrez le Printemps des Cinéconcerts.

La onzième édition de ce rendez-vous des cinéphiles-mélomanes débute ce soir avec la projection... d’un film parlant ! Oui, mais pas n’importe lequel : THX 1138, film de fin d’études d’un certain Georges Lucas, plongée futuriste dans un XXVe siecle aseptisé et totalitaire, se prête parfaitement à l’exercice. Pour lui, et pour l’accompagnement synthétiseur-guitare concocté spécialement par Baron Oufo, les organisateurs ont accepté de faire une petite escapade dans le monde du parlant. Mais elle se refermera dès demain soir. Les sept autres films de la programmation sont bel et bien des films muets. « Notre objectif est toujours le même au fil des ans : faire découvrir des films muets ou de patrimoine grâce à des musiques originales interprétées en live », explique Marie-Agnes Bordes, en charge de la programmation des cinéconcerts au sein de l’association Centre Jean-Vigo Evénements. Avec une ambition clairement affichée : sortir des sentiers battus qui traversent -aussi- le petit monde des cinéconcerts, en sélectionnant des films originaux et audacieux. Inutile donc de chercher Chaplin ou Nosferatu dans la programmation 2011 des Cinéconcerts. Vous y trouverez plutôt l’hypnotiseur forain du «Cabinet du Docteur Caligari» (Robert Wiene, 1919), le burlesque de «Safety last» (Sam Taylor, 1923) ou la maison hantée de «The cat and the canary» (Paul Leny, 1927).

Créations musicales
Chaque film est donc associé à une création musicale interprétée en live, donnant naissance à des duos parfois étonnants, assez souvent épatants. L’orgue de Samuel Liegeon avec «The Shock» (Lambert Hyllier, 1927), la musique interactive et déjantée de la Compagnie Arniphone avec les courts métrages de Charley Bowers, l’électro de Zenzile avec «le Cabinet du Docteur Caligary», la pop de Splendor in the grass pour accompagner «The Safety Last»... Enfin, dernier ingrédient mais non des moindres, le lieu de projection contribue à l’ambiance décalée des cinéconcerts. Mot d’ordre : jamais dans une salle de cinéma ! Cette année, les films et les musiciens trouveront donc notamment leur place dans la Cour Mably, l’église Saint-Rémi, la Rock School Barbey ou le BT59.•
Sophie Lemaire

Jusqu'au 14 mai. Tarifs : 7,70-10€. Rens. www.jeanvigo.com