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Théâtre : une affaire de famille PDF Imprimer Envoyer
Mardi, 03 Mai 2011 20:12

Dans la famille Mesguich, on demande le père, le fils et la fille. Accordé : tous trois seront au théâtre du Pont-Tournant ce week-end pour deux représentations de «Agatha», adaptation d’un texte de Marguerite Duras, récit de l’amour passionné et incestueux entre un frère et une soeur.

Daniel Mesguich, l’un des plus prolifiques metteurs en scène du théâtre français (et directeur du Conservatoire national Supérieur d’art dramatique), a choisi d’en confier l’interprétation à ses enfants Sarah et William. Pour en faire, sur scène comme en loges, une histoire de famille. Entretien.

Qu’est ce qui vous a mené jusqu’à « Agatha » ?
J’avais déjà travaillé avec mon fils William, avec ma fille Sarah, mais jamais en même temps. Je pensais que ça serait formidable de faire un spectacle ensemble et je me suis souvenu de ce texte de Marguerite Duras, qui met en scène un frère et une soeur. Je dois dire que je n’ai jamais été très «durassien». Je connaissais son prestige et son talent mais je n’ai jamais été très proche d’elle ni de ses oeuvres un peu trop... «carrées». Et puis les «durassiens» m’avaient éloigné d’elle : ce ton lointain, un peu monocorde qui les symbolise... je me sentais bien loin de tout ça ! Mais en commençant  à travailler le texte, j’ai vite vu que c’était génial. Et puis le fait de faire ça en famille... on s’est beaucoup amusés !

«Amusés» ? Pourtant, « Agatha » est un texte très dur, violent, qui évoque l’inceste entre un frère et une soeur qui se retrouvent dans leur maison d’enfance...
Oui, mais ce texte nous a inspiré. Et puis, en fait, on ne sait pas s’il y a inceste. On le suppose, mais ça n’est pas dit. C’est un pas dans l’interprétation que moi je ne franchis pas. Ce qu’on sait c’est qu’il y a de la «hantise» : ils sont hantés l’un par l’autre, c’est ce qui me fascine. D’ailleurs j’ai décidé de prendre le mot «hanté» au sens propre. Ils sont dans ce manoir où ils se sont connus enfants, on comprend qu’ils sont là pour se dire adieu. Moi j’ai décidé d’aller plus loin : en fait elle est déjà morte et il se souvient d’elle. A moins que ce ne soit le contraire : peut-être est-ce lui qui est mort. Au fond, on ne sait pas.

Vous avez en effet pris des libertés dans l’interprétation du texte, en créant ce double d’Agatha et cet univers baroque...

Oui mais la lettre du texte est respectée. Et puis c’est comme ça : tout grand texte se donne en pâture à la lecture, sans quoi il est mort. J’aime en faire entendre les sens les plus inattendus.

Au final, comment le metteur en scène juge-t-il ses acteurs ?

Mon amour pour mes enfants ne va pas jusqu’à bafouer la profession ! Si je ne les considérais pas comme des acteurs extraordinaires, je ne les aurais pas fait jouer. Mais c’est vrai qu’on a voulu que ce soit une affaire de famille : «les Mesguich», comme une troupe. Quand je travaille avec eux, j’oublie qui ils sont. Ca me revient quand ils m’appellent «papa» pendant les répétitions !•
Recueillis par Sophie Lemaire


6 et 7 mai au théâtre du Pont-Tournant, 20h30, 15-25€

 

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