Oubliez la coquetterie numérique et prononcez tout simplement «Escobar». En à peine un an passé à Bordeaux, le groupe rock importé de Saintes a déjà bien creusé son sillon.

Et cultive une originalité qui ne réside pas seulement dans l’orthographe de son nom. C’est préférable, me direz-vous, quand on porte l’étiquette usée jusqu’à la corde de « jeune groupe de rock bordelais ». Né en 2009 d’un duo saxo/guitare-grosse caisse, 3scobar s’est doté au fil du temps d’une ligne rythmique (batterie-contrebasse puis batterie-basse) et intègre désormais un violon au gré des besoins et des envies. Il joue un rock rageur, guitares saturées et saxo hurleur, qui laisse toute leur place à des paroles en français.
« Ecrire en anglais ? Je ne vois pas l’intérêt », tranche Matthieu Roulet-Renolleau, plume prolifique et voix du groupe. Car dans le monde d’3scobar, le texte naît avant la musique. Il est fait pour dire des choses et pour être compris. «En live ça nous complique d’ailleurs un peu les choses pour les balances», sourit Matthieu.

La «famille» 3scobar
Et qu’ont-ils donc à dire ? Matthieu aime emprunter à la mythologie pour traiter du monde d’aujourd’hui. Pas vraiment des textes engagés, plutôt une poésie aux métaphores humanistes, féministes... « On essaye juste de défendre certaines valeurs dans un monde qui déraille », commente Matthieu. Dans son chant, puisqu’il faut bien comparer pour vous donner une idée, on entend des intonations de Luke, Damien Saez ou ... Bertrand Cantat ? « Forcément, quand vous jouez du rock noir à textes à Bordeaux on vous parle de Noir Désir. En fait on se sent plus proches de groupes comme Eiffel ou Dyonisos, bien qu’on ne fasse pas la même musique ». Matthieu aime l’univers que ces groupes ont réussi à bâtir autour d’eux. Un esprit « grande famille » qu’3scobar s’emploie à recréer en s’entourant d’une équipe proche (photos, univers visuel, clips...). Un label, une maison de disques? « Ca n’a pas d’intérêt pour nous aujourd’hui », répond Matthieu. Le premier EP («Eros et Thanatos») a été autoproduit, le second (à l’automne) le sera aussi. Ca n’empêche pas le groupe d’avoir un bon sens de la com’ et du «buzz». « On ne révolutionnera pas le monde de la musique ni de la culture, mais on essaye de proposer quelque chose de différent. Et d’inciter les gens à faire des choix alternatifs à ce qu’ils entendent partout. Que ces choix les amènent jusqu’à nous ou bien ailleurs, peu importe.»•
Sophie Lemaire
www.myspace.com/3scobarband