Touchée mais pas coulée, la péniche culturelle des Bassins à flot. Frappé par une fermeture administrative « disproportionnée » pendant l’été, l’I.Boat reverdit en cette rentrée, avec une ligne intacte, une motivation décuplée, des projets à la pelle et une programmation toujours béton, avec en ligne de mire l’anniversaire des 3 ans, à la fin du mois.


« Ça nous a fait plaisir et franchement rassuré, de voir tout ce monde revenir, le 8 août, quand la fermeture administrative a été levée. Depuis, on n’a pas arrêté ! » L’heure est au soulagement pour l’équipe de l’I.Boat, ses nouveaux gérants François Bidou et Corinne Bauer en tête. Embarqués dans l’aventure dès ses débuts, ils en ont repris les rênes cet été, lorsque la mission de trois ans d’Olivier Gay, descendu de Paris pour monter ce projet de petite soeur de la péniche-club Le Batofar, est arrivée à son terme. Pile au moment où le préfet décidait de cette fermeture, suite à l’implication de deux membres de son personnel dans une enquête sur un trafic de stupéfiants en centre-ville. 


« Une injustice, insiste François Bidou. Le juge d’instruction n’avait rien trouvé à reprocher à 
l’I.Boat mais le préfet, jouant le principe de précaution, nous a sanctionnés pour “défaut de vigilance” et “prévenir des désordres futurs”. Nous avons deux procédures en cours contre cette décision, afin de réhabiliter notre image. » « C’est d’autant plus injuste, renchérit Corinne Bauer, que la prévention des risques liés à l’alcool et aux drogues a toujours été au coeur de nos préoccupations. On organise des soirées spéciales quatre fois par an, ce qui coûte cher, et nos employés sont toujours à l’affût pour repérer d’éventuels individus suspects... » 



Anniversaire pluridisciplinaire

Image restaurée ou pas, le mal est fait : 100 000€ de perte sèche pour l’établissement et, si l’emploi de la trentaine de salariés a été préservé, les investissements prévus vont prendre un retard conséquent – notamment le renouvellement du restaurant. Est-ce à dire que les ambitions culturelles ont elles aussi été revues à la baisse ? « Au contraire, répondent-ils en choeur ! Cette affaire est déjà derrière nous, on a tourné la page. L’équipe est plus soudée et plus motivée que jamais par le projet. Alors plutôt que fêter nos 3 ans sur deux-trois jours, on va y consacrer une semaine entière ! »


Une semaine pour « montrer toutes les facettes du bateau », « pas seulement un établissement de nuit mais un vrai lieu de vie culturelle et pluridisciplinaire, qui réinvestit tout dans l’artistique » : comme à l’année, en concentré, on y trouvera pêle-mêle des afterworks avec des artistes locaux émergents, des ateliers et workshops ouverts à tous, des performances audiovisuelles (un cinémix de Jean-Yves Leloup, un live des excellents Sati), un dimanche famille avec le retour d’activités kids (et une grosse surprise). Et des concerts et clubs avec du grand nom à petit prix – comme d’habitude : Girls Names, Yelle, Miss Kittin, Motor City Drum Ensemble, Jus Ed & Jacques Bon...

Plus un débat sur la façon d’accompagner les projets et lieux « de culture et de fête » à l’heure de la Métropole, pour poser les bases d’une réflexion et relancer le dialogue entre institutionnels et ces lieux “hybrides” comme l’I.Boat ou les cafés-concerts.
 L’anniversaire sera l’occasion aussi de lancer une application pour téléphone mobile, l’une des innovations de la rentrée. Autre nouveauté, une carte “Member.Ship” donnant droit à des réductions de 1 à 2€ sur les concerts, des avantages chez les partenaires Total Heaven et Mollat, et l’accès à des événements spéciaux réservés. 


D’ici-là, le rythme des concerts ne faiblit pas, la ligne non plus : pour le programmateur Benoît Guérinault, qui récupère la casquette de directeur artistique, elle sera toujours « exigeante, atypique », en permettant de « voir des artistes que, sinon, on ne verrait pas dans le Sud-Ouest ». Engagé, contre vents et marées... •

Sébastien Le Jeune

www.iboat.eu 

Photo : François Bidou et Corinne Bauer reprennent l’intégralité de l’exploitation de l’I.Boat. Avec l’envie inchangée de continuer à tout réinvestir dans l’artistique. © SLJ