Tous les mois, Direct Bordeaux 7 vous emmène dans les coulisses de la vie culturelle bordelaise à la rencontre des métiers qui en font, parfois dans l’ombre, la richesse et la vitalité. Artisans de la diffusion culturelle, les libraires sont de ceux là.
David Vincent, 44 ans, exerce ce métier depuis vingt ans. Et s’il porte aujourd’hui le titre de responsable de pôle au sein de la librairie Mollat, il se considère avant tout comme un « libraire de terrain ». En l’occurrence, ce terrain se situe entre les rayons littérature de la librairie, où il encadre 13 libraires spécialisés. « Concrètement, chaque libraire est en charge d’une partie du «fonds» de la librairie : il achète les livres, les met en vente, conseille les clients, anime son rayon, explique David Vincent. Je fais ce travail aussi, mais au delà, ma mission est de coordonner, d’encourager les initiatives des libraires et leur autonomie.»
Lecteur compulsif Car si (presque) tous les livres publiés en France passent par les rayons de la librairie Mollat, le traitement qui leur est réservé dépend beaucoup des choix personnels des libraires. Mis en avant sur les tables «coup de coeur», recommandé au client indécis qui demande conseils, le succès d’un ouvrage se trouvera évidement facilité. David Vincent tient à ce rôle de prescripteur. « On ne fait pas que mettre des livres en rayon, sans quoi cette librairie n’aurait pas d’âme. Ici, quand un libraire aime un livre, il peut en faire pratiquement ce qu’il veut.» Par exemple lui donner une meilleure visibilité en rayon, lui consacrer un article sur le blog des libraires Mollat, faire venir l’auteur en dédicaces... Avec la satisfaction d’avoir, de temps en temps, contribué à faire le destin d’un livre. Et aussi la crainte d’en «louper» un. Car derrière la passion, la librairie est aussi un commerce. « Il faut avoir de grandes oreilles, se tenir au courant en permanence. Nous recevons les livres 2-3 mois avant leur sortie. Il faut essayer de sentir ceux qui vont décoller. L’été, il faut partir en vacances avec des cartons de livres à lire, sans quoi la rentrée sera très difficile ! » Tout cela suppose donc, bien évidemment, un appétit de lecteur jamais rassasié. « Pour être un bon libraire, il faut être passionnément névrosé de livres » admet David Vincent. Et il n’a pas l’intention de se soigner.•
Sophie Lemaire |