Qui mieux que Georges Rousse pouvait s’emparer d’un lieu tel que la Base sous-marine pour en faire ressortir les perspectives et les lumières si particulières ? Lancée pendant Agora, l’exposition consacrée à ce photographe roi de l’intervention sur site mérite le détour, notamment pour les trois installations sur site qu’il a réalisées.


« Je cherche des lieux particuliers, très photographiques, et une architecture qui sort du quotidien. » Avec l’invitation que lui a faite la Base sous-marine de passer l’été sur place pour créer de nouvelles oeuvres, Georges Rousse, orfèvre de la forme et de la lumière, avait là un terrain de jeu idéal pour s’exprimer. Pas seulement d’un point de vue photograpnique : comme toujours, l’artiste aime à croiser les disciplines – peinture, architecture... – pour mieux faire entrer le spectateur dans ses jeux d’illusions.


Dans deux cas, usant des murs, des plafonds et de leurs reliefs, il a effectué un travail très graphique à l’épure – des ronds, des carrés, des triangles – et, surtout, utilisant l’un de ses procédés fétiches, l’“anamorphose”, faisant que les oeuvres ne peuvent être vu parfaitement que depuis un point précis – quelques pas suffisent pour s’apercevoir des proportions déformées (comme on a pu aussi en voir durant Agora sur les marches du Miroir d’eau ou du monument aux Girondins). Pour sa troisième réalisation, Georges Rousse a reproduit en bois un bunker petit format, habillé d’un triangle sorti de nulle part, fenêtre-meutrière insolite pour de nouveaux jeux de lumière.


Au-delà des installations exposées, dont l’artiste a tiré trois clichés, trois traces de son passage, qui intégreront les collections du CAPC, la Base donne aussi à voir une soixantaine d’autres photographies de ses interventions dans le monde entier, balayant 30 ans d’une oeuvre décidément hors du commun. •

Photo : © Anthony Rojo