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Le succès d’Animasia et son déménagement à Bordeaux, c’est avant tout une affaire de passionné(e)s. Entretien avec Damien Beigbeder, président et l’un des membres fondateurs de l’association organisatrice, Mandora.
Il y a dix ans, quand vous montiez votre premier événement à Pessac, vous vous imaginiez devenir grand au point de devoir “monter” à Bordeaux ?
Pas vraiment, disons que ça a été d’abord une évolution naturelle. Jusqu’à l’an dernier, où on a fini par être victimes de notre succès. Avec 8000 personnes à Pessac, ça faisait vraiment trop de monde ! Heureusement, le public a été indulgent, mais on s’est dit qu’il était temps qu’on passe dans un espace plus grand, sinon les gens n’en profitent pas vraiment. La mairie de Bordeaux a été sensible à notre démarche, et nous a offert un jour de mise à disposition du H14, plus du soutien en logistique et en communication. C’est agréable de se sentir épaulé pour gravir cette nouvelle marche.
Qu’est-ce qui, selon vous, explique ce succès ?
Pour passer des trois membres fondateurs aux quelque 300 d’aujourd’hui, il a fallu garder des valeurs fortes, notre envie de créer du lien et de donner une âme à tous nos projets. Animasia, ça n’est qu’une vitrine parce que, toute l’année, on développe de nombreux autres projets à côté : de l’accueil personnalisé d’étudiants, du développement durable avec notre label écologique Ocean Crew, ou le webzine Mandorine. Tous les membres enrichissent le collectif à leur manière, apportent leurs compétences. Et pour revenir à Animasia, bien qu’on garde un statut d’asso loi 1901, on partage tous cette exigence d’une qualité professionnelle : on n’a pas envie d’un événement qui fasse kermesse ou amateur. C’est pour moi cette vision partagée qui a fait que toutes ces forces réunies ont réussi à créer deux emplois – des CDD mais c’est un début.
Justement, vous visez les 12 000 visiteurs cette année – soit +50%, ce qui vous porterait au 4e rang des manifestations du genre en France.
Peut-on vous imaginer un jour sur le “podium” ?
Je ne sais pas : la marche est haute, le troisième réunit entre 30 et 40 000 personnes sur deux jours. Mais il faut savoir que les trois premiers ont muté en entreprises, ce qui fait que leurs événements font plus penser à des conventions très guidées par des notions de rentabilité, avec 95% de commerces. Nous, nous tenons à notre âme associative. Certes, on a su fédérer les gens, y compris le privé avec environ 130 partenaires cette année, il y en a besoin. Mais on est fier d’avoir aussi su garder un équilibre avec le côté fête et découverte : avec 53 invités cette année, il y a vraiment de quoi échanger, apprendre et s’amuser.
On fera le bilan à l’issue de cette édition pour dessiner les perspectives pour les années suivantes – ne sera-t-on pas déjà trop à l’étroit au H14 ? Mais c’est avant tout ce mélange qui nous intéresse, c’est lui qui nous fait tenir et continuer, malgré le travail fou que ça demande alors qu’on a tous une vie pro, une vie de famille à côté. C’est très lourd mais c’est tellement vivifiant ! •
Recueilli par Sébastien Le Jeune
www.animasia.org
Photo : Damien Beigbeder, président de Mandora, et directeur général d’un centre d’animation “dans le civil”. © Anthony Rojo |