Clap ! Aujourd’hui, c’est parti pour six jours de ciné pas comme les autres avec la 3e édition du Fifib, le Festival international du film indépendant de Bordeaux. De quoi se faire des toiles à foison, bien sûr, et un paquet de petits à-côtés – rencontres, concerts, soirées – qui font aussi le sel de la manifestation.


Disons-le tout net : pour ceux que le terme “indépendant” aurait un peu tendance à effrayer, Léo Soesanto, programmateur du festival, prône un « amour du cinéma bariolé, atypique, surprenant » et la sélection qu’il a opérée met en lice une bonne poignée de films tout de même très accessibles. Ainsi « Manos Sucias », grosse production internationale avec Spike Lee en coulisses, un vrai film d’action où s’entrechoquent un pêcheur, un rappeur et un mafioso, sur la côte Pacifique de la Colombie ; « Titli », le film indien anti-Bollywood par excellence, montrant façon polar la vraie vie des quartiers pauvres de New Delhi ; « Vincent n’a pas d’écailles », le très attendu premier long du Français Thomas Salvador, l’histoire d’un homme qui se découvre d’étranges pouvoirs assez “super-héros” au contact de l’eau ; ou « Bébé tigre », sur les efforts contrariés d’intégration d’un jeune Indien dans notre pays... Ou encore le seul doc de la sélection, « Iranien», où Mehran Tamadon a réussi le tour de force d’une immersion sans fard dans l’univers des mollahs en Iran, les amenant à dialoguer autant sur la théologie que sur la vie quotidienne. Un film déjà récompensé du Grand Prix du 36e festival Cinéma du Réel, à Paris. 


Les films d’ouverture et de clôture sont à l’avenant : « Love Is Strange » d’Ira Sachs conte les amours contrariées de deux vieux amants, George et Ben, sitôt mariés après 40 ans de vie commune (ce soir, 19h au TnBA) ; « Eden », montré pour la première fois en France, voit Mia Hansen-Løve prendre l’exemple de son frère Sven pour retracer l’épopée de la French Touch, le mouvement electro branché des années 1990-2000 qui allait accoucher des Daft Punk, St Germain ou Étienne De Crécy.


Cinéphilie et clubbing

Tout aussi ouverte à tous, la sélection du focus L.A., spécialement concocté en honneur des 50 ans de jumelage Bordeaux-Los Angeles. Ou les films qu’a choisi Peter Suschitzky, le président du jury pour la rétrospective qui lui est consacrée : le directeur de la photographie a en effet été derrière la caméra pour une grosse partie de la filmographie de David Cronenberg (on verra « Faux-semblants », « M. Butterfly » et le tout récent « Maps To The Stars »), et on le retrouve aussi au générique de « Mars Attacks ! » de Tim Burton. Toujours côté cycles, en ne retenant que les monuments de Cassavetes, le Fifib tient une triplette pas trop confidentielle, avec notamment l’immense « Une Femme sous influence » avec Gena Rowlands et Peter Falk. Enfin, on notera l’arrivée des courts dans la compétition et, là, comme qui dirait, « c’est comme une boîte de chocolats »...


Les cinéphiles purs et durs, ainsi que les aficionados d’arts contemporains, trouveront aussi leur compte au travers des nombreuses cartes blanches : Marie Losier et son choix de courts très atypiques, le Frac Aquitaine avec une série de courts de l’artiste Brice Dellsperger, la Semaine surréaliste avec un focus sur l’archi-indépendant Japonais Katsu Kanai. 


Outre des expos et des rencontres, le Village Mably accueillera aussi des soirées (jusqu’à minuit) et des Nuits blanches (jusqu’à 1h30). Des DJ sets gratuits pour l’essentiel dès demain, avec le réalisateur Mike Ott aux platines jeudi et les Kap Bambino invités par Vie Sauvage samedi. La soirée la plus “costaude” ? Vendredi, entre projection de « La Planète sauvage » d’André Laloux, concert de Lenparrot et DJ sets de Pégase et Flavien Berger (6€). •

SLJ

Jusqu’à dimanche à l’UGC et à l’Utopia, plus au village cour Mably. www.fifib.com 

Photo : « Love Is Strange » en ouverture ce mardi soir au TnBA © Pretty Pictures