En guise de présentation, d’elle et de sa « tribu », la nouvelle directrice du TnBA ouvre elle-même la nouvelle saison dès ce mercredi soir avec « Lignes de faille », l’adaptation de la grande fresque familiale de la Franco-Canadienne Nancy Huston. Quatre heures de ce théâtre qu’elle prône « généreux et populaire ».


Qu’on ne se laisse pas refroidir par les fameuses quatre heures (en deux fois deux heures entrecoupées d’un entracte), prévient d’emblée Catherine Marnas. « Quand j’ai créé la pièce en 2011, certains me disaient “Quatre heures, personne ne va en vouloir !” Pourtant, un peu de la même manière que le roman est devenu plus qu’une référence littéraire mais un livre que les gens s’offrent (c’est d’ailleurs comme ça que je l’ai découvert), très vite le bouche à oreille a opéré. D’abord parce qu’on rit beaucoup, surtout au début, puis on s’attache aux personnages, on se laisse prendre au jeu de cette enquête menée comme un voyage dans le temps. Un peu comme les épisodes d’une série télé ! »


La pièce reproduit en effet la structure du roman, remontant les époques en suivant à chaque fois comme narrateur un enfant de 6 ans, chacun doté du même grain de beauté, tel un fil rouge familial déroulé jusqu’à la trame des secrets originels. Le tout sur quatre générations, San Francisco en 2004, New York en 1982, Toronto en 1962 et Munich en 1944. Où l’on touche petit à petit à la grande Histoire et son versant sombre.

La mise en scène, sur un plateau très épuré, accompagnée de musiques collant à l’époque, chatoie au début pour prendre progressivement des tons sépia, « comme si au fil de l’enquête on entrait dans une forêt de plus en plus obscure ». Et les styles de jeu théâtral évoluent à l’avenant, en faisant un véritable « spectacle d’acteurs » portant la langue d’une Nancy Huston qui « n’a pas peur de l’émotion ». « Derrière le rire, tellement de choses résonnent en nous. Les mots de Nancy touchent tant à l’intime que chacun se sent concerné par ce qu’elle dit sur l’enfance. » 


La nouvelle de sa reprise à Bordeaux a déjà attisé l’intérêt de nombreuses villes, dont le Théâtre du Rond-point parisien pour un mois entier en 2015. Pour un tel spectacle, un « chemin inattendu », sourit la metteure en scène. •

Sébastien Le Jeune

Au TnBA (grande salle Vitez, dans le Conservatoire), du 8 au 23, 19h30 sauf les samedis 11 et 18 à 18h et dimanche 19 à 16h (relâche les 12, 13, 20, 21), 9-25€. www.tnba.org ou tél. 05 56 33 36 80.
Demain jeudi 9, rencontre avec Nancy Huston et Catherine Marnas, à 17h30, chez Mollat, retransmise en direct sur live.mollat.com

Photo : Une mise en scène épurée et colorée pour retracer une saga familiale sur quatre générations © Pierre Grosbois