Fort du succès de ses soirées parisiennes, le label/tourneur X-Ray Productions a lancé ses petites sœurs bordelaises qui cartonnent depuis trois ans à Barbey. Devenant maintenant une “résidence” mensuelle, la première de la saison, gratuite, a lieu ce vendredi soir. Entretien avec Vincent Cron, le chargé de booking installé à Bordeaux.


Comment avez-vous eu l’idée de ces soirées en province ?

L’idée était là, avec le succès à Paris, mais il a fallu attendre que je choisisse de quitter Paris pour Bordeaux pour qu’on se décide. On a tenté d’emblée un gros coup, il y a trois ans, en programmant quasi tous les artistes de notre catalogue sur deux soirs, avec Biga*Ranx chaque soir. Cette première édition à guichets fermés en a appelé d’autres, d’abord trimestrielles et, désormais, mensuelles, qu’on organise en partenariat avec Barbey et l’asso ReggaeSudOuest. 



Ce soir, vous avez choisi de démarrer par une soirée de sound systems reggae-dub locaux. Mais ce n’est pas la couleur de toutes les soirées, si ?

C’est vrai qu’on nous a vite collé l’étiquette reggae-ragga, parce qu’on a parmi nos artistes des Danakil, Biag*Ranx, Big Red ou General Levy… Mais ce qu’on aime a plutôt une couleur de musique « à l’anglaise » : on aime les MCs, que ce soit en hip hop, en reggae ou en bass music. Il se trouve qu’ici, à Bordeaux, les quelques soirées hip hop ou electro ont un peu moins bien marché, alors on s’est recentré un peu plus sur le reggae. Mais ça reste de vrais concepts de soirées complètes, avec des concerts à 21h puis, à partir de minuit, ça tourne le plus souvent au clubbing bass, drum’n’bass, dubstep… 


Notre partenariat avec la Rock School Barbey nous permet de lancer la saison avec cette scène locale qu’on a rarement l’occasion de voir dans un cadre aussi pro. En soirée gratuite, un vrai challenge ! Mais on est content, les réservations marchent bien. 
C’est un lien important avec Barbey, parce que, de même qu’à Paris où on fait ces soirées au Cabaret Sauvage ou au Bataclan, on privilégie le lieu, afin d’assurer un bon accueil aux artistes et au public. En plus, c’est une Smac, donc un bel outil, parfaitement équipé, qui nous permet de tester des découvertes, rencontrer des artistes et voir leur show. C’est comme ça qu’on a programmé les Jukebox Champions ici avant de leur trouver des dates un peu partout. 


Les Here I Come ont donc aussi une vocation de laboratoire pour évaluer la scène émergente internationale, nationale… et locale – c’est bien de découvrir les artistes qui jouent en bas de chez vous. Jusqu’à présent, on n’a pas encore eu de gros coup de cœur pour un artiste de Bordeaux ou des environs, mais on cherche toujours.



Pouvez-vous déjà nous parler du programme des suivantes, jusqu’en avril ?

Oui, en novembre, on essaie une soirée moins chère que d’habitude [le 7, 12-15€, préventes promo à 10€ via digitick.com, ndlr], plus découverte aussi : le pionnier de la scène dub Ondubground nous fera un set exclusif, Manu Digital, le batteur de Biga*Ranx, livrera son show audio-visuel tout neuf, et on verra aussi, c’est rare, deux femmes, LMK, un gros potentiel hip hop-reggae révélé au Sun Ska, et Supa Mana, une DJette vraiment atypique. Suivra en décembre un gros plateau [le 12, 18-20€, promo 15€] avec en tête d’affiche le toaster jamaïcain Skarra Mucci, plus le très prometteur Français Jr Yellam et le crew hip hop stéphanois L’Entourloop. Pour les quatre dates de l’an prochain, tout est déjà calé, avec du lourd, mais on m’a interdit d’en parler ! Patience ! (rires) •

Recueilli par Sébastien Le Jeune

Ce vendredi soir à Barbey, 20h30-4h, gratuit, sur réservation via www.xrayproduction.com (DERNIÈRES PLACES).

Photo : « On aime une musique “à l’anglaise”, les MCs, que ce soit en hip hop, en reggae ou en electro. » © Émilie Mage