Télécharger Bordeaux7

L'édition PDF est mise en ligne tous les matins à partir de 7 heures. Cliquez sur l'image pour télécharger l'édition du jour.

Newsletter

Retrouvez-nous sur :

Facebook
Twitter
Flux RSS

Skip The Use, survoltés et engagés PDF Imprimer Envoyer
Lundi, 20 Octobre 2014 06:00

Après un Barbey et deux Krakatoa pleins à craquer, les Skip The Use se lanceront dimanche 16 novembre à l’assaut de la Médoquine de Talence avec en poche un 3e album béton, « Little Armaggedon », successeur de « Can Be Late » primé aux Victoires de la musique. Entretien avec son charismatique leader, Mat Bastard.

 

Le nouvel album frappe par sa production un cran au-dessus, avec aux manettes Dimitri Tikovoï (Placebo, Scissor Sisters…) et Adrian Bushby (Muse, Foo Fighters…). C’est enfin l’album qui vous ressemble ?

Disons que c’est une question de moyens, ce qu’on n’a pas vraiment eu par le passé. Cette fois, on s’est donné plus de temps, on a pu aller plus loin et y mettre beaucoup de choses. Du coup, c’est encore plus aisé de lui donner une autre dimension sur scène. Même si certains morceaux ou passages ont été plus difficiles – mais c’est ça, aussi, qui est intéressant : alors que la compo, on la fait à deux avec Yan, là, pour la mise en live, le travail se fait tous ensemble, c’est vraiment stimulant pour chacun et ça s’en ressent.



Beaucoup de gens ont été surpris par les incursions d’inspiration ska sur quelques morceaux. Pourtant, il y a toujours eu une grande proximité entre le ska et le punk, d’où vous venez, non ?

Je comprends la surprise, parce que, quand on a sorti l’album, le ska n’était pas forcément un genre au goût du jour. Pourtant, c’est quelque chose qu’on a toujours eu en nous, ces influences comme les Specials ou certains Rancid… Une inspiration toujours importante, assumée et revendiquée.



Sous vos dehors bien énergiques, parfois explosifs, vos textes véhiculent un message très positif, la tolérance et le vivre ensemble. Et ça s’entend d’autant mieux que vous offrez votre première chanson en français, « Être heureux »…

Oui, c’est une volonté. Un album, c’est un peu une photo du monde tel qu’il est au moment où on le compose. Et, là, on s’est bien rendu compte qu’on était dans un passage difficile, où face aux difficultés, les gens s’accrochent sur certaines choses. Le repli communautaire, la différence pointée du doigt… C’est toujours plus facile que de se remettre en question. Après, on n’est pas là pour imposer un point de vue mais on a quand même envie de susciter la réflexion, le dialogue, le débat.


D’habitude, on choisit l’anglais parce qu’on a envie de s’adresser à tout le monde mais, pour « Être heureux », on s’intéressait à une situation franco-française. Il y avait eu les tueries de Toulouse, la manif’ pour tous, tous ces gens dans les manifs d’usines, jetés comme des moins que rien après 30 ans de boîte… Je me disais « Qu’est-ce que c’est que ce truc de ouf qui se passe dans ce pays ? » J’y voyais des signes d’un vrai mal-être, d’une résignation collective, alors j’ai eu envie d’inciter les gens à relever la tête, à se bouger. Il y a souvent un fond de malheur chez les gens qui croient que le vote FN est la seule solution. Dans la difficulté, on a tendance à oublier que le vote, c’est pour fixer un cap, une stratégie, pas pour son bonheur personnel. Si on reste trop ethno-centrés, “culturo-centrés”, on finira par être incapables d’ouverture, de compréhension, et on ne va pas s’en sortir, c’est sûr.



Il y aussi ce titre, « The Taste », qui parle d’orphelinat. D’autant plus touchant que vous avez vous-même été adopté…

Oui, ça parle du rapport à l’amour, au manque d’amour, comment on construit le sien avec ses potes de chambrée tout en se demandant si, un jour, on va venir vous chercher. Et ce jour-là, il sera compliqué de tout reconstruire mais on ne rêve que de ça. L’idée m’est venue au début des débats sur le mariage pour tous. Beaucoup parlaient de l’adoption du seul point de vue des parents – fallait-il qu’ils soient absolument hétéros ? –, peu faisaient ressortir la voix des enfants. Pendant qu’on débattait, eux attendaient : pour eux, de quelque pays qu’ils viennent, peu importe le couple qui les adopte, ils veulent juste de l’amour. 



Revenons à la tournée : la précédente, ça a été 350 dates en deux ans ! Ça repart au même rythme ?

En ce moment, c’est bien parti : on a fait 25 dates au printemps, 25 autres sur les festivals d’été et, là, on est partis pour 30 dates d’ici la fin de l’année. Mais, cette fois, après tout ça, on compte bien faire une petite pause ! (rires) Il faut dire qu’on a tous des projets à côté– pour ma part, la réalisation de pas mal d’albums et des projets dans le cinéma...



Justement, ils en sont où, les projets de redonner vie à votre premier groupe punk, Carving ? 
Et celui – très attendu – avec vos amis de Shaka Ponk ? [en concert à la Patinoire le 15/11, ndlr]

Shaka Ponk, on aimerait bien, c’est sûr ! C’est compliqué pour des questions d’agenda – là, on est tous les deux en tournée. On ne sait pas quand ça va se faire mais ça va se faire, oui ! Le projet Carving, on y travaille toujours : on a vraiment envie de faire un vrai album punk. Impossible de dire quand il sortira mais, ce que je peux dire, c’est qu’on le proposera gratuitement en ligne et qu’en physique, ses profits seront reversés à une association – on a plein d’idées mais on n’a pas encore arrêté laquelle.



Des souvenirs particuliers de Bordeaux ? Sa réputation de « public difficile » n’a pas l’air de vous concerner…

Oh non pas du tout ! Je dis souvent qu’il n’y a pas de mauvais public, juste des mauvais groupes (rires). Non, à Bordeaux, on a toujours eu droit à un accueil génial. Et puis, Bordeaux a la chance d’avoir toujours eu de vrais “moteurs culturels” dans le milieu rock : je pense en particulier à Philippe “Balou” Geneste, chez Base Prod. 30 ans qu’il booste tout un tas de groupes, j’ai vraiment envie de lui rendre hommage. • 


Recueilli par Sébastien Le Jeune

Skip The Use, dimanche 16 novembre à la Médoquine (Talence), 20h, 29€ (réseaux habituels).

Photo : Mat Bastard (au centre) : « Qu’est-ce que c’est que ce truc de ouf qui se passe dans ce pays ? » © Slam Photography

 

La Une du jour

Newsletter

Copyright © 2024 CNEWS Matin Bordeaux7. Tous droits réservés.