C’est plus par pudeur, par retenue, « pour laisser la place à la musique », que pour suivre une “mode Daft Punk”, qu’Alexandre Longo alias Cascadeur a choisi de dissimuler son visage. Des masques de luchador mexicains ou des casques de moto qui cachent l’un de nos meilleurs songwriters hexagonaux. Son 2e album « Ghost Surfer » est à découvrir d’urgence avant son concert à la Rock School Barbey, jeudi prochain.


Des années qu’il est dans la musique et qu’il a choisi de rester dans l’ombre : « Le casque, les masques, les cagoules, ça remonte à loin, à des aspirations à la métamorphose ; à cet objet, le masque, omniprésent dans l’art depuis la nuit des temps ; à mon enfance aussi, à ces panoplies de cowboy ou de chef indien qui me donnaient la force d’affronter le monde des adultes... » C’est un autre jouet de son enfance, « un motard blanc sur un tremplin rouge » qui a donné le nom, sinon l’âme, du projet Cascadeur à son maître-penseur, Alexandre Longo. 


Un projet aussi singulier que son créateur. C’était flagrant sur le premier, « The Human Octopus » (« la pieuvre humaine »), splendide duel homme-claviers pour un voyage contemplatif, atmosphérique. Singulier, il le reste sur ce deuxième, même s’il est bien moins intimiste, « confiné et cotonneux » que le précédent. 



Casting panoramique

Et pour cause. Cette fois-ci, il s’est trouvé des comparses pour cette nouvelle aventure, et pas n’importe lesquels : Christophe – que sa musique et sa voix évoque quand elle tourne au fragile – pour le magique « Collector », Pulido et Smith de Midlake (ah « Visage pâle »), Stuart “Tindersticks” Staples, DJ pFeL, Médéric Collignon, Tigran Hamasyan, et la soprane Anne-Catherine Gillet ! « Ce sont le ciné et les B.O., qui m’ont donné envie de faire de la musique – “Le Bon, la brute et le truand”, “Barry Lindon”... Comme pour le précédent, je concevais l’album comme une trame assez cinématographique mais, là, je voulais plusieurs personnages, tel un grand jeu de rôle. C’était amusant de réfléchir à qui je voudrais dans tel ou tel rôle. » 


Avec ce casting panoramique, il balaie large, « une synthèse de ma carrière musicale », passée par le classique avant la pop, le jazz et les musiques électroniques. En résulte un album phénoménal, du vrai cinémascope, magistralement écrit. Seize titres qui vous prennent d’emblée par la main, vous rassure même dans les plus audacieuses prises de risque qu’il affectionne tant, pour finir sur un classieux « Road Movie ». 


Bonne nouvelle pour la tournée, il s’est entouré de quatre amis et promet « nerveux et musclé », avec quand même ces plages d’accalmie et ces tête-à-tête avec le public, sa marque de fabrique. Et peut-être même des morceaux du prochain ! • 


Sébastien Le Jeune


Cascadeur + Mellanoisescape, le 30 octobre à la Rock School Barbey, 21h, 18-21€

Cascadeur, « Ghost Surfer » (Casablanca / Mercury), en vente à la Fnac, 19€

Photo : « L’anonymat a ses inconvénients – on ne me file pas la meilleure table au restau. Contrairement à ce qu’on entend souvent, c’est assez effroyable, la célébrité. À part pour les filles... (rires) » © Cyril Groudin