Rap : Joke, blague à part... |
Mardi, 04 Novembre 2014 06:00 |
Fer de lance d’une vigoureuse scène hip hop montpelliéraine, Joke avait affiché complet lors de son premier passage au Rocher en mai... Avant même la sortie de son 1er album, « Ateyaba » (Def Jam), petit bijou aussi lascif qu’engagé, qu’il vient défendre pour de bon, le 15 novembre. Entretien.
La première chose qui frappe quand on écoute l’album, c’est la variété des instrus – tantôt electro-hip hop/trap, tantôt old school, tantôt lazy… Comment s’explique cette richesse
sonore ?
Bon, le système a ses limites : maintenant que je suis plus connu, j’en reçois des tonnes sur ma boîte mail, trop, et j’ai l’impression qu’il y a moins de qualité qu’avant. Pour le 2e album, je procéderai différemment, avec une poignée de producteurs qui chacun apporteront leur patte – 4-5, pas plus, et je pense déjà savoir qui. Les instrus viennent d’un peu partout et, pourtant, il y a quelque chose d’une “MTP touch”, un truc spécifique à Montpellier. Qu’est-ce qui explique la vitalité de votre scène locale ?
Cela dit, la chance que j’ai eue a été de partir un an sur Paris, monter mes premiers projets, trouver un label, nouer beaucoup de contacts… Ça aide à se faire voir par la France entière alors ça reste quand même limite un passage obligé – le schéma n’est pas systématique mais si vous regardez bien, que ce soit chez vous à Bordeaux, des Sam’s ou Black Kent, ou dans le Nord comme Gradur, tous ceux qui ont commencé à marcher ont un pied dans leur ville, un autre à Paris, pour le business. Une chose qui se ressent très fort sur l’album, bien plus qu’auparavant, c’est votre côté engagé. Mais avec des « Négro, pour enc**er Marianne, faut juste les papiers pour s’essuyer » (in « Majeur en l’air »), vous n’avez pas peur d’être mal compris ? Peur que vos propos soient mal interprétés ?
C’est particulièrement perceptible dans le morceau-titre « Ateyaba », hommage à votre grand-père togolais qui s’est battu pour la France pendant la 2e Guerre mondiale : « Tous ces racistes ignorants qui ne savent pas que leur pays a été bâti sur notre sang »…
L’autre point qui a pu choquer, ce sont vos lyrics bien “dirty” – vous revendiquez « hérisser les poils de chatte des féministes ». Vous avez vraiment une image si négative de la femme ?
Mais mes lyrics, il faut les prendre avec du recul : l’égo trip, se fabriquer un personnage, c’est quelque chose que j’ai toujours adoré dans le rap. Ça peut paraître choquant mais, pour moi, c’est de l’amusement. Et les meufs qui chantent « 4 Pattes » au premier rang, ce ne sont pas forcément des filles faciles : il y a des filles que ça fait rire, tout simplement ! • Recueilli par Sébastien Le Jeune Samedi 15, avec Hok et Anna Kova en 1res parties, au Rocher de Palmer (Cenon), 20h30, 18-22€. lerocherdepalmer.fr Photo : « Je n’ai pas de problème avec les Français eux-mêmes, juste avec les politiques. » © Ojoz |