Chroniqueur sur Inter et Canal+, le Belge Walter est l’un des grands humoristes à tourner chez nous en novembre, mercredi 12 à l’Espace Treulon de Bruges. Entretien.


Il y a quelques années, vous étiez consultant dans votre plat pays, aujourd’hui vous êtes sur toutes les ondes de France. C’était pour fuir les grèves de la RTBF que vous êtes parti ?

(Rires) Non, c’est plutôt pour celles de la RATP. Je m’imaginais que, grâce à elles, moi qui suis extrêmement paresseux, j’aurais souvent un prétexte pour qu’on ne vienne pas me chercher. Bon, ça ne marche pas trop, manifestement (rires). En effet, avant je travaillais en Belgique, comme consultant en systèmes informatiques de contrôle de gestion. En général les gens s’endorment avant que j’aie fini cette phrase. Vous êtes encore là ? (rires)



Vous tournez depuis trois ans avec votre premier spectacle « Belge et méchant ». Belge, ok, mais méchant… Pourquoi ? Êtes-vous donc aigri ?

D’abord le titre est un hommage à l’esprit du mensuel satirique « Hara Kiri », le « journal bête et méchant ». Ensuite, c’était pour un contrepied à l’image des Belges, des gens gentils, sympas, consensuels… Et de renverser tout un tas de clichés, un peu à la manière d’un Fugain dans « Les gentils, les méchants » : moi, les méchants qui 
« gaspillent [leur] argent », « font l’amour n’importe quand » ou rêvent de « retraite à vingt ans », j’ai envie de les défendre, ces méchants-là.


Mais je ne suis pas aigri, non. Contrairement à beaucoup de gens en France, je trouve. On se fâche pour tout – regardez le mariage homo, pourquoi se fâcher, on s’en fout, non ? (rires) Il y a peu, j’ai fait cette chronique télé où je me moquais des végétariens : je disais que s’ils étaient si “nazis”, c’était parce qu’il y avait « arien » dedans. Je me moquais surtout beaucoup de moi mais il a quand même fallu que tout un paquet de cons s’en offusquent ! Je trouve qu’il y a chez vous aujourd’hui un esprit trop sérieux, bien plus que quand j’étais gamin, trop de gens qui s’indignent de tout et n’importe quoi. Pour moi ce sont eux, les méchants de notre société. En réalité, je suis un bon type…


Desproges, auquel on vous compare souvent pour vos textes ciselés, disait « On peut rire de tout mais pas avec tout le monde ». Vous, vous dites « On peut rire de tout du moment qu’on le fasse avec classe »…

Mais, oui, c’est important la classe ! Il en faut, partout, de la classe, mettre du décorum dans toutes choses, c’est essentiel. Dans mon spectacle, j’arrive même à vous vendre les plaisirs solitaires à condition qu’on s’y livre avec l’élégance d’un gentleman anglais. Ce monde a besoin de beauté, non ? (rires) Oui, je ris de tout, du moment que je trouve ça marrant. Et de tout le monde, les femmes, les hommes, les Noirs, les Blancs… Pourquoi pas ? Comme disait l’autre sur le racisme, « pourquoi choisir les gens que l’on déteste sur un critère aussi con que la race » ? (rires)



Trois ans de scène et toujours pas de DVD ?

Mais c’est une technologie qui est morte, le DVD, voyons, vous ne le saviez pas ? (rires) Non, j’ai un sentiment ambivalent sur la captation de spectacle. Je me dis souvent que j’aimerais bien que ça fasse comme avec les spectacles de Valérie Lemercier, qui sont restés cultes sans aucun DVD : j’aimerais que les gens qui m’ont vu sur scène se racontent plus tard mes sketches, en les réinventant parfois à leur sauce, en rajoutant des trucs à eux… comme des souvenirs de jeunesse. Donc, non, ce n’est pas prévu, alors ça vous oblige à venir me voir en live. Hé hé... •

Recueilli par SLJ 


À l'Espace Treulon (Bruges), mercredi 12 novembre, 20h30, 15-30€. www.espacetreulon.fr 

Photo : Walter : « On peut rire de tout, du moment qu’on le fasse avec classe » © Julien_Weber