«Un partenariat gagnant-gagnant». C’est ce que la ville de Mérignac va proposer demain soir à ses chefs d’entreprise lors du lancement officiel du fonds de dotation Mérignac Mécénat.

En ces temps difficiles pour les finances publiques, la commune a décidé de profiter du nouveau dispositif juridique et fiscal que l’Etat a créé en 2008 dans le but d’encourager le mécénat. Il permet aux collectivités de faire appel à l’aide de généreux donateurs privés pour financer certains projets. Le principe est simple : les entreprises mérignacaises sont invitées à faire des dons défiscalisés à hauteur de 60% en échange d’avantages liés aux projets financés (visibilité de la marque, mise à disposition privative de lieux etc). Mérignac, qui a la chance de disposer d’un tissu économique dense, leur proposera donc demain soir de s’associer à des projets environnementaux (création de jardins partagés, de pédibus...), sociaux (lutte contre les discriminations, promotion de la pratique sportive...) et, bien sûr, culturels.

Martin Parr à Mérignac en 2012
En la matière, Mérignac a de l’ambition. Elle veut développer fortement l’activité de la Vieille Eglise Saint-Vincent, centre d’exposition municipal d’arts plastiques. La ville a décidé d’orienter plus fortement sa programmation vers la photo et affiche le souhait d’en faire un lieu de référence en la matière. Elle demandera donc le soutien de mécènes en leur proposant de s’associer à un projet ambitieux, porté par deux événements importants pour 2012, qui seront annoncés demain : l’organisation d’une exposition d’oeuvres du très renommé photographe britannique Martin Parr. Et surtout la mise en place d’un partenariat direct avec la Maison européenne de la photographie à Paris, pour l’accueil à Mérignac d’une exposition décentralisée dans le cadre du mois de la photo. Deux rendez-vous certainement assez prestigieux pour donner envie aux mécènes d’y associer leur nom.  

Implication des entreprises
«Les entreprises sont de plus en plus soucieuses de responsabilité sociale, d’implication dans le développement de leur territoire, explique l’adjoint délégué à la culture Daniel Margnes. C’est ce que nous leur proposons avec ce dispositif, sachant que dans le contexte actuel il est difficile pour nous d’envisager de faire plus en matière de dépenses publiques». Pas plus, mais pas moins non plus, assure l’élu, qui anticipe les critiques. « Il ne s’agit pas de faire des économies de budget. Nous n’avons pas de problème de conscience car Mérignac fait beaucoup pour la culture : 8M€ par an, c’est loin d’être ridicule ! Nous essayons d’être inventifs et d’innover pour pouvoir faire plus en captant cet argent avant qu’il ne parte ailleurs ». Clairement, ce fonds de dotation n’est qu’un début. Une expérience. La ville a déjà décidé de faire appel aux généreux donateurs pour la réhabilitation de la Maison Carrée d’Arlac et sa transformation en conservatoire de musique. Cette fois les particuliers pourront donner aussi. Et payer moins d’impôts en finançant directement un équipement qui, du coup, ne sera pas payé par leurs impôts, pointeront les esprits chagrins. Plutôt le moyen de cibler sa contribution financière en devenant un «ambassadeur» de ce lieu culturel, répond l’élu.• Sophie Lemaire