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"La Hogra" : Hamid Ben Mahi déchaîné PDF Imprimer Envoyer
Vendredi, 21 Novembre 2014 06:00

Directeur artistique de la précédente édition de Novart, Hamid Ben Mahi est de retour cette année avec sa Cie Hors Série pour sa 10e création, « La Hogra », où le chorégraphe fait feu de tous arts pour évoquer l’oppression et la révolte, en résonance avec les printemps arabes. Première ce vendredi soir au TnBA.


 

Les visages se tordent, la musique sonne, les corps craquent, les mots claquent. Une toile de fond entre images d’archives et moucharabiehs, une scéno épurée et un quintet inédit sur scène. Cinq interprètes que Ben Mahi a pour la plupart rencontrés à la faveur des Laboratoires qu’il mène un peu partout avec sa compagnie : cinq comédiens-danseurs (hip hop mais pas seulement) aux multiples facettes – l’un guitariste, l’autre spécialiste de percussions corporelles… 


Cinq interprètes, une « famille d’artistes » pour incarner cinq membres d’une même famille, chacun victime à sa manière de la “hogra”. « Un mot difficile à traduire, note le chorégraphe. On peut s’y essayer avec des mots comme “l’oppression”, une manière d’“écraser” l’autre mais aussi “l’humiliation” ou “le mépris”… » Sous le prisme des printemps arabes, la connotation politique est évidente. Mais, comme le dit la voix off, « le système est corrompu et chacun ramène avec soi un peu de cette corruption à la maison ». Il y a le père, victime, justement, de brimades administratives par un pouvoir sûr de son impunité. Sa rage tout juste contenue contamine à son tour son cadet, se défoulant sur son aîné… Et ainsi de suite, jusqu’à la sœur et l’oncle. 


« Chacun illustre une facette de difficultés que des membres d’une famille peuvent vivre au quotidien, souligne Ben Mahi. La fille questionne la place de la femme, son peu de liberté dans la maison. Le jeune frère, le parcours du combattant pour obtenir un visa et quitter le pays. L’aîné, très religieux, se plaint que sa famille ne prie pas assez. L’oncle, le musicien, permet d’aborder le sujet de l’homosexualité, taboue dans le monde arabe. »

Concentré d’émotions universelles

C’est « La Hogra » au sens large, donc, que le chorégraphe a cherché à explorer dans sa co-écriture avec l’auteur Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre au cours d’une série de résidences, dont une en Algérie, terre natale des parents de Ben Mahi. « Tout est né à partir d’une réflexion autour des printemps arabes mais, finalement, c’est surtout sur l’avant-révolte, la montée de la tension jusqu’à l’étincelle qui fait tout s’embraser que nous avons construit la pièce. » Une “hogra” finalement très universelle, convient ce dernier : « On lui a donné cette couleur très orientale mais, c’est vrai, ce sentiment existe partout – on l’a vu encore dernièrement avec les soulèvements en Ukraine ou en Afrique. » 


Si l’on en juge par les extraits vus en répétition, le texte est ramené à sa trame, les transitions texte-danse toujours aussi fluides (le chorégraphe est loin d’être novice en la matière), et le jeu archi-expressif – tournoiements hypnotiques de derviches et breakdance jusqu’à l’épilepsie – pour un tout très rythmé où l’émotion a tôt fait de vous prendre à la gorge. Prometteur avant la première ce soir dans un TnBA qui lui ouvre ses portes une semaine durant – Novart, une belle vitrine avant une future diffusion. •

Sébastien Le Jeune

Jusqu’au samedi 29, 20h (19h ce samedi 22 et vendredi-samedi prochains ; relâche ce dimanche et lundi), 9-25€.
Demain samedi, 18h, atelier gratuit ; mercredi spécial étudiants : spectacle, concert et buffet 11€. www.tnba.org 

Photo : « Le système est corrompu et chacun ramène avec soi un peu de cette corruption à la maison. » © Pierre Planchenault

 

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