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Amalric dans "Le Moral des ménages" : Middle Class Zero PDF Imprimer Envoyer
Mardi, 25 Novembre 2014 06:00

La réouverture des Colonnes de Blanquefort, ce week-end, va se fêter à grands renforts d’animations et de spectacles*. Non des moindres, la venue d’un Mathieu Amalric rarissime au théâtre dans « Le Moral des ménages » adapté par Stéphanie Cléau d’après le livre d’Éric Reinhardt. Entretien.

 

Juste après la première incursion au cinéma de votre compagne Stéphanie Cléau dans votre film « La Chambre bleue », on vous retrouve sur les planches dans sa première mise en scène. C’était le deal, “tu joues dans mon film, je joue dans ta pièce” ?

(rire) Oui et non. Tout de même, au départ, il y avait la nécessité pour Stéphanie de monter ce texte qui résonnait profondément en elle. Elle travaillait déjà dessus, elle avait même commencé avec un autre acteur mais ce n’était pas trop ça. Peu à peu, elle a eu envie que je fasse partie de ce monde, son monde. J’y suis donc arrivé assez tard, le texte était déjà bien densifié, le travail bien avancé avec Anne-Laure Tondu, ma partenaire à la scène et, surtout, la pièce était déjà produite – c’est mieux que la pièce tourne pour elle-même que par la présence d’un acteur “à la mode”…


Un copain a répandu ce mot qu’on avait fait une sorte d’« échangisme culturel ». L’ironie de la vie a fait que les deux projets se sont croisés comme cela. Mais il y a du vrai, on s’est chacun emmené dans des zones dangereuses : elle n’était pas actrice alors ; moi, le théâtre est un monde que je ne connais pas. Il y a eu comme une excitation de vieux couple (rire)…



Le texte a-t-il résonné autant pour vous ?

Pas tout à fait, non. Pour elle, cette façon dont quelqu’un doit créer sa propre identité contre ses parents, ces choix qui se perpétuent sur la génération suivante, cette vie “normale” qu’on aurait pu avoir si on n’avait pas su “s’en sortir”… Tout ça, elle l’a vraiment vécu.


Parce que c’est cela, l’histoire. Dans les grandes lignes, je joue Manuel Carsen, un type qui est chanteur – enfin, qui pense être un bon chanteur, qui pense avoir la grande vie. Mais, à tellement vouloir sortir de la normalité, il reste bloqué dessus. Et ne chante que sur ça – le titre de la pièce, c’est ça : une chanson sur les sondages… Ce personnage est dans le ressassement permanent, convoquant tour à tour sa mère et toutes les femmes de sa vie (toutes jouées par Anne-Laure), piétinant sa famille et son passé… Jusqu’au coup de théâtre final. Le tout est illustré par des dessins en live de Blutch, comme des pensées mauvaises passant dans sa tête – un peu comme dans les « Idées noires » de Franquin.



Quel acteur de théâtre êtes-vous ?

Le même qu’au cinéma : ce qui m’attire, c’est la complicité, me glisser dans ce qu’attend de moi la personne qui fabrique le film, ou la pièce. Là, c’est particulièrement touchant parce que je me glisse aussi, en somme, dans la tête de Stéphanie – protégée, tout de même par cette langue qui n’est pas la sienne, drôle et terrible, cette forme à la fois vive et violente. Chaque soir, je peux camper mon personnage d’une manière un peu différente, tantôt plus dans la douleur, tantôt plus imbu de lui-même ou, au contraire, plus détaché. C’est la magie du théâtre !


Mais l’important est le travail du ton, qu’on ne sache jamais si ce qu’il dit est du lard ou du cochon : on ne peut pas le réduire à “gentil” ou “méchant” ; parfois on peut s’identifier à lui, d’autres fois on ne peut s’empêcher de penser « mais il va arrêter de cracher sur les classes moyennes comme ça ?!? » Des retours qu’on a eus jusqu’ici, ça parle aux gens, ça leur raconte des choses, ils en sortent en se posant des questions. Et c’est chouette. •

Recueilli par Sébastien Le Jeune

Vendredi 20h, samedi 19h, dimanche 17h, 9-26€. Tél. 05 56 95 49 00.
* Les détails sur le week-end “Beautif’Hall” sont sur www.lecarre-lescolonnes.fr. À noter, Cléau et Amalric y proposent aussi une sélection de films sur les liens théâtre-cinéma.

Photo : Loser magnifique, Manuel Carsen fait le bilan en convoquant tour à tour toutes les femmes de sa vie. © Marc Domage

 

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