A Pessac, l’action culturelle se présente en tir groupé. Qu’ils dépendent directement des services municipaux ou relèvent de la structure associative, les opérateurs culturels pessacais ont dévoilé ensemble, dans le cadre bucolique de l’écosite du Bourgailh, le contenu de leur saison 2011-2012.

Si la commune ne possède pas sur son territoire de salle de spectacle de premier plan (contrairement à sa voisine Mérignac, qui concentre Pin Galant et Krakatoa), elle peut se targuer de rassembler quelques pôles culturels très actifs (le cinéma Jean Eustache, l’Artothèque, la médiathèque de Camponac), plusieurs rendez-vous phare dans le programme culturel de l’agglo (le festival international du film d’histoire, les Vibrations Urbaines, les Toiles Filantes, les rencontres africaines, En bonne voix) et un certain goût pour les initiatives originales en matière d’événements ou de modalités d’action culturelle. En arrière-plan la mairie, qui s’attache à faire travailler tout ce petit monde en réseau (le «ROC», réseau des opérateurs culturels), est toujours présente. Trop ? Très, en tout cas. Cela semble bien fonctionner pour ceux qui sont partie prenante.

Compagnonnage reconduit
Pessac en Scènes, qui organise, co-produit et diffuse des spectacles vivants sur le territoire communal, est un service municipal qui dépend directement de la direction de la culture. Il élabore pour la salle du Galet, parfois du Royal, une programmation pluridisciplinaire : de Louis Chédid qui ouvrira la saison le 21 octobre, à Brisa Roché (pop-rock, le 2 décembre) en passant par la danse hip-hop de la compagnie Hors Série d’Hamid Ben Mahi (carte blanche le 27 octobre dans le cadre des Vibrations urbaines), Hamlet revu et corrigé par le collectif Yes Igor (le 15 novembre) ou des propositions plus audacieuses signées David Wampach («Battement/Batterie», danse, le 30 mars) ou Fabrice Murgia («Le chagrin des ogres», théâtre, le 26 janvier). La ville a aussi développé un partenariat original avec l’AMGC (pour Atelier de Mécanique Générale Contemporaine) que les deux parties qualifient de «compagnonnage artistique». La compagnie anime tout au long de l’année pour les habitants des ateliers d’écriture ou de mise en scène ( c’est le Grand atelier mécanique, qui travaillera cet année autour des textes d’Elie Briceno ) et un atelier de décryptage cynique et drôle de l’actualité qui aboutit généralement à un spectacle plutôt déjanté (la Grande Revue Mécanique). De son côté, la compagnie peut compter sur le soutien de la commune pour la création ou la diffusion de ses spectacles : le prochain, «Mords la main qui te nourrit», dont la création est prévue pour 2013, sera travaillé lors d’une résidence au Galet début 2012. Cette formule semble satisfaire tout le monde :
le compagnonnage vient d’être reconduit pour trois ans.

Gratuité élargie
Au chapitre des « expériences pessacaises», la gratuité occupe une place de choix. La médiathèque Jacques Ellul et la bibliothèque Pablo Néruda sont gratuites pour tous depuis plusieurs mois. Des conférences, concerts, cafés polars ou siestes littéraires y sont organisés toute l’année. Le festival printanier En bonne voix propose aussi une soirée de concerts gratuits dans le parc Razon. La programmation 2012 n’a pas encore été révélée. On sait en revanche que la prochaine édition du cinéma jeune public du Jean Eustache, «les Toiles Filantes» sera élaborée sur le thème de la forêt. Un joli contrepoint au thème des cultures urbaines, qui reste cette saison encore très présent dans l’action culturelle de la ville. Mais pour en savoir plus de façon très concrète et festive, le mieux est encore de participer à la 3e Nuit Défendue, qui se déroulera le 30 septembre à Camponac. Tous les opérateurs y présentent un avant goût de leur saison. 27 propositions artistiques s’enchaîneront jusqu’à l’aube. Encore une originalité, et encore un joli tir groupé.•
Sophie Lemaire