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« Soleil Dedans » d'Arthur H : Enfin l’H de raison ? PDF Imprimer Envoyer
Mardi, 02 Décembre 2014 06:00

Univers englobant quasi cinématographique, mélodies accrocheuses et une voix funambule comme jamais : c’est un Arthur H presque méconnaissable qui nous revient avec son nouvel album, le très réussi « Soleil dedans », qu’il défendra demain mercredi au Rocher de Palmer, à Cenon. Entretien.


 

Pour « Soleil dedans », vous êtes allé enregistrer à Montréal – pas vraiment un pays du soleil… Que cherchiez-vous en allant là-bas ?

Eh bien, des valeurs positives : la liberté, l’enthousiasme, de l’air, de l’espace… Je crois beaucoup dans le fait que c’est grâce aux gens qui nous font découvrir une ville qu’on apprend à l’aimer vraiment, en trouvant le côté caché, intérieur, celui que les touristes ne peuvent pas voir. En l’occurrence, c’est mon amie Lhasa qui m’a initié à Montréal et m’a fait l’aimer. C’est une ville rassurante et dynamique, il n’y a pas cette pression négative comme à Paris, que je trouve difficile à supporter artistiquement. Là-bas, j’ai pu quitter mon armure, me sentir plus léger.



L’album a été enregistré très vite, quasiment dans les conditions du live, avec des musiciens que vous ne connaissiez pas au départ…

Oui, c’est l’un des bons côtés de la crise du disque : on est obligé d’être très spontané (rire). Plus sérieusement, il y a un vrai culte de la spontanéité au Canada, qui leur vient d’une vraie confiance en eux-mêmes. Les musiciens ont accepté ce pari qui est perpétuellement le mien, celui de ne pas me répéter. Dans un sens, ce n’est pas plus mal, rien de tel que de sauter à l’eau pour apprendre à nager.



Un autre aspect frappant, c’est le soin impressionnant apporté à l’atmosphère, dans les intros notamment. Comment le retranscrivez-vous sur scène ?

Pour cela, j’ai demandé à mon amie l’artiste sonore et visuelle Léonore Mercier de créer des sortes de climats sonores, avec des sons, des voix. C’est quelque chose vers lequel j’ai de plus en plus envie de me diriger : je conçois maintenant chaque album un peu à la manière d’un film. Peut-être parce que je n’ai pas l’argent ni le talent pour faire du cinéma. Mais en tous les cas, et encore plus sur scène, j’ai envie de quelque chose de plus en plus multisensoriel, une trame inspirée de la musique de film, quelque chose de très spatial aussi, qui ouvre un espace. 


Pour cette tournée, nous sommes seulement cinq sur scène mais j’ai voulu revenir à mes premières amours en théâtralisant ma musique. Un gros décor, beaucoup de lumières et plein d’autres surprises visuelles. Parce que, pour moi, le spectacle doit redevenir un moment merveilleux, une bulle où on perd la notion d’espace et de temps.



En dépit de son titre, l’album n’est pas si joyeux, abordant des sujets sérieux comme la « Caissière du Super », « La Femme qui pleure », « Navigateur solitaire » ou « La Ballade des clandestins »…

Ce disque, c’est en quelque sorte un voyage, une histoire. Qui démarre par une descente aux enfers, c’est vrai, mais finit par une rédemption – en remontant vers quelque chose de plus cosmique, de plus ouvert, créant de nouveaux horizons. La chanson est devenue tellement conventionnelle qu’elle oublie souvent de se donner à elle-même la liberté. Or, s’il y a bien quelque chose de bien avec la fin de la politique, c’est que les gens se mettent à réaliser que ce n’est pas la politique qui va leur donner leur liberté, chacun peut aller à sa manière chercher la sienne… Et cela est vrai qu’on bosse au supermarché ou qu’on vogue sur l’océan… 


Les clandestins, c’est particulier. Je n’en connais pas personnellement, mais une de mes amies a travaillé auprès d’eux dans de nombreux pays. J’ai eu envie de montrer qu’on ne pouvait pas juste les réduire à une “entité sociale”, qu’ils ne sont pas seulement les nouveaux “damnés de la terre” mais qu’ils sont aussi des gens comme vous et moi – et qu’eux aussi peuvent vivre des histoires d’amour.



Pour une fois – au bout du 17e album tout de même – la critique paraît unanimement positive. Trouvez-vous enfin votre vraie place, une forme de reconnaissance ?

C’est une longue quête, malheureusement. Pourtant, je me sens porté par mon public ; quand je monte sur une scène, j’oublie tout et je suis heureux. Mais, sinon, je ne me sens pas vraiment compris ni apprécié dans ce pays. Des fois ça m’est égal, d’autres fois ça me déprime – mais rien de trop grave… J’ai accepté les risques d’une carrière comme la mienne dans un pays très réactionnaire, très frileux, qui préfère tellement le prémâché… – moi, ça va, j’ai quand même plutôt trouvé ma place, mais de nombreux artistes qui mériteraient mieux ne se sentent pas portés, c’est regrettable. Je me dis qu’il ne faut pas trop s’en faire, qu’il faut se concentrer sur les belles choses, garder un certain niveau de foi… Garder du “soleil dedans”.
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Recueilli par Sébastien Le Jeune

Arthur H, ce mercredi 3 décembre au Rocher (Cenon), 20h30, 28€.
Réseaux habituels et lerocherdepalmer.fr

Photo : « Il faut se concentrer sur les belles choses, garder un certain niveau de foi... Garder du “soleil dedans”. » © Léonore Mercier

 

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