Emprunter des oeuvres d’art comme on emprunte des livres. Ou presque. C’est le concept décliné depuis 2003 par l’artothèque de Pessac «les Arts au mur».

Particuliers, entreprises ou collectivités peuvent y adhérer (50€) et venir y chercher tous les deux mois un nouveau cadre à accrocher sur leurs murs pour quatre semaines. Gérée par une association et soutenue financièrement par les collectivités locales, l’artothèque a également développé des activités auprès des centres sociaux, hôpitaux, prison... Environ 700 oeuvres originales (des photographies, dessins, collages, sérigraphies, estampes) constituent déjà sa collection. Comme chaque année, plusieurs nouvelles acquisitions ont été réalisées cet été. Elles seront présentées au public demain et dimanche dans le cadre d’un «week-end permissif».

25 acquisitions
L’artothèque accueille, en plus de sa collection, six expositions par an. Mais en septembre, ce sont les nouvelles acquisitions qui trouvent place sur les murs. Cette année il y en a 25, sélectionnées au début de l’été par une commission d’acquisition. Parmi ces nouveaux venus on trouve des artistes historiques, comme Erik Dietman, proche du Nouveau Réalisme, Christian Jaccard, qui travaille sur le processus de combustion, ou Bruce Wrighton, dont les clichés explorent les (des)illusions du rève américain. L’artothèque a acquis trois oeuvres de ce photographe américain et les prêtera ensemble. Les nouvelles acquisitions se composent aussi d’oeuvres plus abstraites, signées Miquel Mont, Stéphane Bordarier ou Pierre Mabille dont l’exposition «Antidictionnaire» occupa les murs de l’artothèque au printemps dernier. Une oeuvre de Julien Nédélec, qui fut son élève, a aussi été sélectionnée. D’autres jeunes artistes, parfois d’ailleurs soutenus par des galeries bordelaises, sont aussi représentés : un collage de Lilly Lulay, une carte à gratter d’Adrienne Sabrier ...

Sortie de résidence
Parallèlement à l’exposition, «Les Arts au mur» proposera aux visiteurs de partir à la découverte de l’univers de la photographe, vidéaste et plasticienne Anne-Laure Boyer, qui a investi les locaux situés à l’arrière de l’artothèque le temps d’une résidence estivale. Elle a fait de ce site en attente de démolition une oeuvre éphémère qui s’inscrit dans une réflexion sur les «mondes engloutis». La jeune femme aime travailler sur les lieux en friche ou en reconversion. ça tombe bien, tout l’îlot doit en effet être rasé dans quelques mois dans le cadre du réaménagement global du centre-ville de Pessac. L’été prochain, l’artothèque ira donc s’installer quelques rues plus loin, près de la gare de Pessac et du cinéma Jean Eustache. En attendant, elle ouvrira ses portes tout le week-end (11h-18h) puis conservera les nouvelles oeuvres sur ses murs jusqu’au 24 septembre. Elle seront ensuite présentées à la Médiathèque Jacques Ellul, à Pessac en scène et à la bibliothèque Pablo Néruda de Pessac avant de rejoindre la collection. à partir du 20 octobre, elles pourront  donc enfin être empruntées par les particuliers.•
Sophie Lemaire
www.lesartsaumur.com