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"Ma magie n'endort pas, elle réveille" PDF Imprimer Envoyer
Mercredi, 14 Septembre 2011 20:17

Le Théâtre des Quatre Saisons de Gradignan a levé le rideau hier soir sur sa saison 2011-2012. Avec en guise d’entrée en matière les expériences troublantes du «mentaliste» Thierry Collet.

Dans son spectacle «Influences», ce magicien enchaîne les expériences interactives en posant, en toile de fond, la question de la manipulation des esprits dans notre société. Après une deuxième représentation ce soir, il animera deux jours de stage intitulés «l’art d’avoir toujours raison». Entretien.

Qu’est-ce qui vous a fait basculer de la magie traditionnelle au mentalisme ?
TC : Dans ma pratique, je me suis rendu compte que l’expérience magique avait beaucoup à voir avec la prise du pouvoir. Un homme seul sur scène vous mène par le bout du nez dans la direction qu’il souhaite et le public s’y abandonne complètement. Les magiciens traditionnels parlent d’ailleurs peu de cette dimension : la sensation de pouvoir, la valorisation de soi qu’on ressent sur scène. Elle est réelle, mais ici ce rapport de domination est avoué, le public est volontaire, il paye même pour se faire avoir ! Mais il y a bien d’autres moments dans la vie où ce type de rapports se met en oeuvre : fabrication du consentement, de l’adhésion... C’est le cas dans le marketing, la politique etc. Sauf que le «contrat» est alors beaucoup moins clair. Cela m’a donc intéressé de créer un spectacle sur la base d’une réflexion citoyenne, humaniste sur le libre arbitre. Et d’établir des parallèles entre les outils utilisés par les magiciens et ceux qui servent dans le cadre d’une propagande politique, par exemple.

C’est pour cela que votre spectacle s’ouvre sur un vote ? Le public défile dans un isoloir...
Oui, et je montre qu’on peut prévoir le comportement des gens en leur faisant un simple sondage d’opinion anodin. Le but c’est de titiller la question du libre arbitre. Souvenez-vous en 2003, le discours de Colin Powell à l’ONU pour justifier l’intervention en Irak. Quand on le décrypte on voit qu’il utilise des procédés de magicien ! Il fabrique de la croyance. La magie est aussi un art coercitif, manipulateur. La mienne n’endort pas, elle réveille.

Que proposez-vous de plus dans le cadre des stages ?
C’est un temps différent de rencontre avec le public, qui me permet d’être plus pédagogue. Je peux faire un peu plus de théorie, parler du fonctionnement du cerveau, tout en restant ludique. Ensuite on met en pratique. J’apprends au spectateur à être malhonnête, puis je lui fait tester ce nouveau savoir sur le public et on confronte les opinions. C’est intéressant car les gens se rendent alors compte que prendre le pouvoir c’est aussi grisant, jubilatoire. En faire l’expérience permet de rebrasser un peu les questions du bien et du mal.

Est-ce qu’on en ressort avec des clés pour ne plus «se faire avoir» ?
Disons qu’on repart avec l’esprit plus en éveil. Quant à ne pas se faire avoir... je crois que la chose primordiale c’est de prendre le temps. Plus on juge vite, plus on juge de façon réflexe. C’est d’ailleurs sur ça que joue le magicien : il ne vous laisse pas le temps de réflechir. Si on prend le temps, d’autres choses -ou d’autres solutions- apparaissent.•

Propos recueillis par Sophie Lemaire

Influences, ce soir à 20h45, 20€. Stage à partir de 15 ans, 20€. Infos et inscriptions au 05 56 89 98 23.

 

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