Annoncées pour juin dernier, les Grandes Traversées ont dû patienter un peu pour fêter leurs dix ans.

Reportées mais pas annulées, qu’on se le dise, elles seront bien au rendez-vous dès jeudi soir dans le quartier des Bassins à flot. Festival mutant et indiscipliné, calé sur la pensée des artistes, chorégraphes, danseurs, performeurs, musiciens, les «GT» ont concocté un dixième numéro en forme de conclusion annonçant le programme des années à venir. Exit la carte blanche. Désormais, les cofondateurs Virginie Bastide et Éric Bernard en écriront le contenu. Rencontre avec Éric Bernard.

Pourquoi ce report de juin à septembre?
EB : Fin juin, alors que tout était lancé, nous nous sommes retrouvés en difficulté avec notre banque dans la mesure où nous n’avons pas pu lui donner les documents des différentes collectivités qui s’engageaient sur le financement du projet. Devant cette impossibilité, la banque n’a pas pu nous faire les avances des subventions. Pourtant, elles étaient votées. Nous avons préféré surseoir.

J’imagine que chacune des éditions a dû comporter son lot de difficultés…
Cela fait dix ans que nous rencontrons des difficultés. Elles nous ont aidé à nous construire. En dix ans, nous avons accueilli près de 1300 artistes, des dizaines de milliers de spectateurs dans de nombreux lieux et géographies différentes. Rien ne s’est fait simplement, rien ne s’est fait dans l’adversité. Ce sont dix années à essayer de convaincre tout le monde et chaque année à recommencer au point de départ. La ferveur des artistes et l’adhésion du public nous ont poussé à aller de l’avant.

En dix ans, comment le festival a-t’il évolué ?
Les Grandes Traversées ont appris à marcher en marchant. Elles ont toujours cherché à coller à ce que sont les créateurs d’aujourd’hui. Jusqu’en 2008, nous avons accueilli l’actualité à travers de réelles cartes blanches offertes à Sasha Waltz, Sidi Larbi Cherkaoui, Constanza Macras… À partir de 2008, nous avons donné les moyens à de très jeunes artistes de produire. Jared Gradinger a conçu ici sa première production. Et trois ans après, ils est récompensé à Berlin comme le meilleur performer de l’année…

À quoi va ressembler cet anniversaire ?
C’est une édition qui n’est pas en rupture, mais qui prend la forme d’une conclusion. Ce n’est pas un best of. Ce n’est pas non plus une carte blanche. Virginie Bastide et moi-même avons écrit l’ensemble de ce parcours. Et c’est ce que nous envisageons de faire les dix prochaines années.

C’est-à-dire ?
Les Grandes Traversées, à l’avenir, vont être dictées par nos voyages, nos coups de cœur, l’actualité et nos propres projections et sentiments. Nous abandonnons les cartes blanches parce que nous reconfigurons notre structure. Une carte blanche offerte à un artiste, c’est un tiers du budget qui reste inconnu jusqu’au dernier moment. Aujourd’hui, nous voulons avoir un souci plus accru de la gestion de nos moyens. Les prochaines éditions seront à l’image de notre programme des dix ans : petites, carrées et avec du contenu.• 
Propos recueillis
par Cyril Vergès

Les Grandes Traversées, du 22 au 24 septembre en divers lieux autour des Bassins à Flot. Programme et tarifs sur www.lesgrandestraversees.com