Alors, cet Evento 2011 ? La biennale à peine refermée, la veille entre les tours du Grand Parc, l’heure était déjà au bilan hier matin dans les salons de l’Hôtel de ville.

On sait que l’enjeu est d’importance. Avec un budget de 4,3M€ -dont 3M€ versés par la ville- et une ambition affichée de rayonnement international, la biennale artistique et urbaine est sous la surveillance rapprochée de la mairie de Bordeaux. Pour cette deuxième édition, celle-ci s’est d’ailleurs attachée les services d’un «spécialiste» chargé de réaliser un audit de la manifestation culturelle. Il en a suivi tout le déroulement et rendra son rapport d’ici quelques semaines. C’est sur cette base, a dit Alain Juppé hier, que seront prises les décisions concernant la prochaine édition de la biennale. En attendant, et en l’absence de données chiffrées de fréquentation, organisateurs et élus se sont bornés hier à donner leurs impressions «à chaud».

Objectif atteint selon Alain Juppé
« Nous avions fait le pari d’une manifestation artistique et citoyenne, ce pari a été tenu », a estimé hier le maire de Bordeaux. Alain Juppé considère cette édition réussie «car elle a atteint l’objectif qu’on lui avait fixé : enraciner la biennale dans la vie culturelle et associative locale». De ce point de vue, les avis convergent. Résolument participative, la biennale portée par l’artisan de l’Arte Povera et de la transformation de la société par l’art, Michelangelo Pistoletto, a su fédérer les énergies locales et intensifier les liens entre acteurs culturels et associatifs de terrain. Evento 2011 souhaitait laisser une trace dans la vie de la cité et elle y est parvenue. La ville souhaite par exemple poursuivre l’aventure initiée au marché des Douves. La halle réinvestie par les associations de quartier sous la houlette de l’artiste Jeanne Van Heeswijk va continuer à vivre et l’expérience Evento va entraîner des modifications sur le déroulement du projet de réhabilitation qui avait été lancé avant la biennale. Evento devrait aussi permettre de débloquer la situation de la salle des fêtes du Grand Parc. Plus globalement, « nous avons pris conscience du fait que la culture est un des éléments fondamentaux de la réussite du projet urbain, a estimé Alain Juppé. Peut-être n’en avons nous pas assez tenu compte par le passé lors de la création de nouveaux quartiers». De quoi réjouir Michelangelo Pistoletto. «La pénétration du milieu associatif et culturel est réelle», s’est félicité Alain Juppé hier. Avant de tempérer : «la pénétration dans la population reste à creuser». Car au-delà des personnes impliquées directement dans la «co-construction» de la biennale, le grand public a-t-il été séduit ? C’est moins sûr. Alain Juppé semble partager l’avis que la biennale a manqué d’un grand événement festif et spectaculaire. Michelangelo Pistoletto n’est pas d’accord. «Ce type d’événement ne manque pas à Bordeaux. Ca n’est pas notre rôle, nous avons voulu apporter autre chose à la ville». Le maire lui « ne renonce pas à l’idée que le grand public se sente concerné. Je sais que le lien entre création contemporaine et population est difficile à trouver, mais il n’est pas normal que le public hésite encore à y accéder.» Gageons que ce sera certainement l’objectif fixé aux organisateurs d’Evento 2013.• Sophie Lemaire