Le collectif «Culture Bar-Bars» a créé hier officiellement son antenne régionale Aquitaine.

Cette fédération nationale des cafés-concerts, qui revendique quelques 350 adhérents, entend devenir le porte parole d’une filière en difficulté. Pas facile en effet d’être un «café-culture» ou un «bar à concerts» dans l’environnement actuel. Leur économie est fragile, leur rapport à la réglementation difficile. Culture Bar-Bars, collectif né dans la région nantaise avant de s’étendre progressivement au territoire français, affiche donc la volonté de les réunir autour de problématiques communes : comment concilier la réalité économique de ces lieux et les besoins des artistes qui s’y produisent ? Ces petites structures de proximité (on parle ici des bars accueillant moins de 200 personnes dans leurs concerts, et dont l’activité principale reste le bar et non la billetterie) sont des lieux indispensables pour les artistes émergents et les groupes locaux, professionnels ou amateurs. Mais du fait de leur petite jauge et de la notoriété limitée des artistes accueillis, il est rare pour eux de réussir à rentrer dans leurs fonds sur l’organisation d’une soirée concert.

Soutien des collectivités
Pour les soutenir, Culture Bar-Bars va mettre en place à titre expérimental un fonds d’aide à l’emploi artistique destiné à en réduire le coût. Il sera abondé par des partenaires privés (dont les versements seront défiscalisés) et publics. Pour l’Aquitaine, le Conseil régional a déjà acté le déblocage de 25 000€ afin de soutenir l’action du collectif. La ville de Bordeaux, si elle n’est pas (encore) engagée financièrement, se dit prête à travailler avec les représentants de Culture Bar-Bars. Tant mieux, car la vie des bars à concerts est rendue particulièrement difficile par la réglementation stricte et des rapports de voisinage souvent difficiles. «Je suis vraiment contente de voir qu’il y a de la part de la ville une volonté de dialogue et qu’elle va pouvoir se concrétiser avec la création de ce collectif, explique Elise Eluert, patronne du Wunderbar, qui a ouvert ses portes en début d’année. Nous étions plein de projets et d’envies, mais cela s’est très vite heurté à un mur de difficultés, économiques mais pas seulement. Pourtant nous faisons de réels efforts pour que tout se passe bien, notamment sur la question du bruit. Mais cela ne suffit pas pour se faire accepter et le dialogue est difficile à instaurer.»

Huit bars bordelais
Pour le moment, le collectif regroupe une trentaine d’adhérents en Aquitaine, huit à Bordeaux. Tous sont bien connus des amateurs de soirées concerts : Le Saint-Ex (dont le programmateur Xavier Chabellard préside cette antenne régionale), l’Azuli, le Wunderbar, El Boqueron, El Chicho, le Lucifer, le Fiacre et Chez le Pépère. Thierry Rieunier, le patron de ce dernier, n’a pas de doutes sur l’intérêt de se fédérer. Il participera d’ailleurs au festival «Cultures Bar Bars» dont la 10e édition (mais la première en Aquitaine), est organisée fin novembre. «Grâce au soutien du collectif et avec la médiatisation qu’il y aura autour de ce festival, j’ai pu me permettre de programmer plusieurs artistes. Notamment un groupe de Toulouse que je voulais faire venir depuis longtemps, sans en avoir les moyens». Six lieux bordelais participeront à ce festival national mais de proximité, dont la programmation sera officialisée la semaine prochaine.• Sophie Lemaire

http://bar-bars.com