Plus besoin d’aller à l’Opéra pour en entendre les grands airs. à Bordeaux comme ailleurs, de  plus en plus de cinémas ou salles de spectacles proposent des retransmissions «grand format» des classiques du répertoire lyrique.

Initiée par le réseau de cinémas Gaumont-Pathé, qui en est à sa quatrième saison, la tendance est en plein essor et les propositions se multiplient. 

En direct ou en différé
Cette année, c’est le réseau UGC qui a lancé les hostilités à Bordeaux avec Aïda, le 6 octobre dernier, avant de revenir avec le programme «Viva l’Opéra» dès le 3 novembre. Il s’agit de dix rendez-vous enregistrés (sauf «La force du destin» de Verdi en direct le 8 décembre) sur diverses scènes : la Scala de Milan, les arènes de Verone, les théâtres de Bologne ou Zurich. Le cinéma Gaumont Université (Talence) n’est pas en reste puisqu’il a démarré sa saison 2011-2012 en diffusant «Ana Bolena» dès le 15 octobre. Particularité : tous les rendez-vous (à une exception près) sont retransmis en direct et le réseau a élargi sa programmation en proposant aussi de grands ballets donnés sur la prestigieuse scène moscovite du Bolchoï. Après «Esmeralda» le 9 octobre, cinq rendez-vous sont programmés de «La Belle au Bois dormant» à «Raymonda». Deux spectacles chorégraphiques seront aussi retransmis en direct de l’Opéra National de Paris. Côté lyrique, Gaumont poursuit son partenariat avec le célèbre Metropolitan Opéra de New-York qui en est à sa onzième saison de retransmissions. Dix spectacles seront présentés d’ici le mois de juin, à commencer par «Don Giovanni» le 29 octobre prochain. Mais ce jour-là, la musique de Mozart se fera aussi entendre dans la salle de l’Entrepôt au Haillan qui s’est lancée dans l’aventure des retransmissions. La fréquentation est au rendez-vous et l’expérience est suffisamment concluante pour que l’Entrepôt attaque le 29 octobre une troisième saison. Organisée dans le cadre d’un partenariat avec la société Pathé Live, elle proposera donc les mêmes spectacles (mais moins nombreux) qu’au Gaumont : après Don Giovanni, Ernani, Manon et La Traviata. Mais les autres salles s’y sont aussi mises. Le CGR Français et le Jean-Eustache de Pessac, tous deux via le réseau Côté Diffusion, proposent aujourd’hui l’opéra Adriana Lecouvreur en différé (à 14h30 au Jean Eustache, 16h et 20h au CGR). Grâce au numérique, les salles sont désormais en capacité de proposer des retransmissions de grande qualité visuelle et sonore. Derrière l’argument d’oeuvrer à la démocratisation de l’opéra, elles y trouvent surtout un moyen de diversifier leur activité. Qu’il s’agisse d’amateurs avertis de spectacles lyriques ou de néophytes curieux de les découvrir, le public semble au rendez-vous en dépit des prix pratiqués, nettement plus élevés que ceux des places de cinéma classique : en tarif plein, 27€ à l’Entrepôt, 20€ au CGR, 18€ au J. Eustache, 28€ à l’UGC et au Gaumont. Dans chaque salle, des formules d’abonnement permettent de faire baisser les prix.•
Sophie Lemaire