Au Glob, les années se suivent et ne se ressemblent pas. Menacé de disparition pure et simple entre 2008 et 2010, le théâtre des Chartrons inaugure en ce moment de nouveau locaux et présente même un ambitieux projet d’agrandissement.

Ouvert en 1995 dans un ancien entrepôt, le Glob s’était installé dans deux bâtiments distincts de part et d’autre de l’angle des rues Vieillard et Joséphine. L’intérêt des promoteurs pour le quartier s’aiguisant au fil des ans, il s’était retrouvé menacé d’expulsion en 2008, contraint de céder la place à de nouvelles résidences. Il a fallu toute la force de persuasion de l’équipe dirigeante pour, avec un bon travail de lobbying et le soutien de la ville, trouver un accord avec la propriétaire et le promoteur Cogedim. Le Glob a donc cédé l’un de ses deux coins de rue, aujourd’hui démoli, en échange d’une extension à l’arrière du bâtiment restant, dans de nouveaux locaux rénovés. «Nous disposons désormais de 400 m2 de plus à l’arrière de la salle de représentation. Nous en avons fait un espace de stockage, des bureaux, un atelier pour les décors, un studio de création et prochainement un studio d’enregistrement», explique Bruno Lecomte. Le directeur artistique n’est finalement pas mécontent de l’opération. Mais s’il a bien négocié le virage de la démolition, le Glob n’est pas encore complètement tiré d’affaires. Structure associative, il doit comme d’autres composer avec un budget de plus en plus serré (environ 400 000€ par an) sans sacrifier une ligne artistique qui favorise la création théâtrale et chorégraphique, l’émergence de nouveaux talents. Faizal Zeghoudi, Frédéric Maragnani ou Anthony Egea, dont le travail est désormais reconnu, sont passés par le Glob. Le dernier, qui dirige la compagnie de danse Rêvolution, en sera l’artiste associé pendant les 3 prochaines années.

Reconstruction et agrandissement des locaux
Le Glob doit aussi composer avec son nouvel environnement. Les bâtiments tertiaires laissent placent à des logements. «Cela implique pour nous un travail de limitation des nuisances, avec la nécessité de penser à un nouveau confinement de notre salle de représentation», commente Benoît Lecomte. Dans ce contexte, et visiblement persuadé que la meilleure défense reste encore l’attaque, le Glob a décidé de travailler sur un projet de reconstruction et d’agrandissement de la partie ancienne de son implantation. Confié à un cabinet d’architectes strasbourgeois, le projet a suffisamment convaincu les collectivités locales pour qu’elles acceptent d’en financer les études complémentaires, qui sont en cours. Il s’agit de repenser la salle principale afin d’en augmenter la jauge (200 places au lieu de 110 aujourd’hui) et de bâtir au dessus une extension en bois susceptible d’accueillir, notamment, des logements pour des artistes en résidence ou un espace en gradins partiellement ouvert. Le projet est ambitieux, portant sur un budget de 4 millions d’euros. La direction du Glob espère convaincre les partenaires institutionnels de l’intérêt d’investir dans un lieu culturel pérenne dans ce quartier en pleine mutation. Elle souhaite aussi lancer dans les prochains mois une large souscription publique ouverte aux particuliers ou aux entreprises, ainsi que le permettent les dispositions fiscales sur le mécénat. « Nous espérons collecter 400 à 800 000€. C’est énorme, reconnaît Benoît Lecomte, mais pas impossible !»•
Sophie Lemaire

Retrouvez la programmation détaillée du Glob sur www.globtheatre.net Prochain rendez-vous : «Quartett» création de la cie le Glob. Du 9 au 19, 20h, 8-14€ / Photo G Studio