Non seulement ils résistent, mais ils se placent en plus à la pointe de l’innovation technologique. Les cinémas de proximité aquitains lancent une expérimentation sur les utilisations possibles de leurs nouveaux équipements numériques.

Depuis 2009, ces petites salles indépendantes, souvent rurales, se sont massivement équipées en projecteurs numériques afin d’anticiper la disparition progressive des pellicules 35 mm. Grâce à la mobilisation de l’ACPA (association des cinémas de proximité en Aquitaine) et au soutien financier du conseil régional, elles sont aujourd’hui près de 90% (69 cinémas sur 78 éligibles) à disposer de ces nouveaux matériels, coûteux mais indispensables, contre moins de 50% à l’échelle nationale. Ce premier virage négocié, l’ACPA n’entendait pas s’arrêter là. « Il fallait trouver un moyen d’expliquer aux spectateurs qu’il y a eu du changement en cabine, en leur présentant quelque chose de différent et de singulier sur l’écran, explique le président de l’ACPA Rafael Maestro. Quelque chose qu’ils ne retrouveront pas dans les multiplexes». Ce «quelque chose» va se matérialiser pendant deux mois sous la forme d’avant-programmes qui seront projetés en format cinéma juste avant le long-métrage. Là encore, le Conseil régional apporte son soutien financier (62000€).    

Expérimentation sur deux mois
Baptisés «Clap» ces avant-programmes numériques proposeront des formats courts à contenus fictionnels (des court-métrages de l’Agence du court), pédagogiques (des petits films sur les coulisses ou les astuces techniques du cinéma), documentaires (sur le cinéma en région) ou promotionnels (sur les actualités de la salle). Deux programmes comprenant chacun trois contenus vont être projetés à titre d’expérimentation pendant deux mois dans 23 salles d’Aquitaine (notamment à Pessac, Saint-Médard en Jalles ou Cestas). En expérimentation seulement, car la mise en place du Clap s’appuiera sur une innovation technologique. Ces avant-programmes seront  en effet livrés aux salles de façon entièrement dématérialisée par l’intermédiaire du réseau téléphonique et de «box» installées dans les salles. «C’est une première que teste avec nous la société parisienne Avgrid, explique Rafael Maestro. Car pour le moment, chez nous comme dans les multiplexes, les films sont livrés sous forme de disque-durs. L’enjeu est de réussir à atteindre l’étape suivante avec la dématérialisation totale. Ce qui permettrait notamment aux petites salles de disposer des films plus rapidement». Si l’expérimentation fonctionne, la mise en place de ce réseau dématérialisé ouvrirait la voie à de nouvelles pratiques. Chaque salle pourrait par exemple fabriquer les contenus de ses propres avant-programmes, les transférer par ce réseau pour les faire transformer en format cinéma et les récupérer pour les projeter sur son écran moins de 48h plus tard. On en n’est pas encore là, mais les spectateurs des cinémas indépendants peuvent d’ores et déjà découvrir les "Clap" dans les salles participantes.• Sophie Lemaire
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