S’il ne se tient jamais vraiment loin des problématiques de notre époque, le festival du film d’histoire de Pessac - qui débute ce soir - n’aura peut-être jamais été autant en résonance avec l’actualité. En choisissant pour thème «la conquête du pouvoir» en cette veille d’année électorale, les organisateurs ont attisé les curiosités tout en s’ouvrant les portes d’un large panel cinématographique.

Le festival, qui en est à sa 22e édition, ne se pose en effet cette année aucune limite dans le temps ni dans l’espace (contrairement aux éditions précédentes, organisées autour des thèmes «la fin des colonies» ou «il était une foi : le communisme»), la quête du pouvoir étant une donnée universelle aussi ancienne que l’humanité. Et si la politique y occupera évidemment une belle place, la notion de pouvoir y sera déclinée sous ses aspects les plus divers : économique, spirituel, guerrier, médiatique... «Nous allons nous mettre en quête des ressorts qui animent les ambitions, des procédés qui fondent les succès et des débordements qui expliquent les déconfitures, de la psychologie des acteurs et des entraînements des foules », indique en guise d’introduction le président d’honneur du festival Jean-Noël Janneney.

75 films sur le thème
Sur la base de ce thème qui a de tous temps inspiré écrivains, dramaturges et cinéastes, l’équipe du délégué général du festival Pierre-Henri Deleau a sélectionné 75 long-métrages de fiction ou documentaires. Ils racontent le rapport au pouvoir de grands dictateurs, jeunes candidats, puissants PDG, cheffaillons autoritaires, petit caïds ou grandes mafias. Dans un cadre thématique aussi vaste, le festival s’attache une nouvelle fois à mélanger les genres, les écoles, les provenances et les époques. On y trouve de grands classiques de l’histoire cinématographique : «Ivan le Terrible» de S. Eisenstein, «Scarface» d’Howard Hawks, le «Hamlet» de Laurence Olivier et celui de Zeffirelli, «Jules César» de Mankiewicz ; des raretés comme «Le triomphe de la volonté» de Leni Riefenstahl, qui filme (et glorifie) Hitler en 1934 dans le cadre du congrès du parti nazi à Nuremberg; mais aussi de grands succès plus récents comme «La Reine Margot» (Patrice Chéreau), «Harvey Milk» (Gus Van Sant) «Mon idole» (Guillaume Canet), «La Conquête» (Xavier Durringer) ou «The Social Network» (David Fincher sur la naissance du réseau social Facebook). En marge des projections, le festival décline le thème de la «conquête du pouvoir» dans le cadre d’une quarantaine de conférences et débats (lire la sélection des temps forts ci-contre).

Deux compétitions
Parallèlement, le festival organise comme chaque année deux compétitions déconnectées de la thématique générale. Dix films concourront dans la catégorie fiction (notamment les dernières oeuvres de Robert Redford, David Cronenberg, Jean-Pierre Denis ou Philippe Faucon), huit dans la catégorie documentaire. Tous sont présentés en avant première dans le cadre du festival, parfois en présence de leur réalisateur. Enfin, des séances spéciales et des expos viennent compléter un programme comme chaque année pléthorique. Seule l’habituelle foire aux livres d’histoire ne sera pas au rendez-vous cette année pour cause de travaux dans le centre-ville de Pessac.•          Sophie Lemaire
Festival du film d’histoire de Pessac, jusqu’au 21 novembre au cinéma Jean-Eustache. Entrée libre aux conférences et débats. Films à la séance : 6,50€. Carte 5 films 22€, 20 films 52€. http://www.cinema-histoire-pessac.com