L’Ensemble Vocal d’Aquitaine fêtera ses quarante ans en proposant ces jours-ci deux représentations de la Messe de Si de Bach. Composé de 60 à 80 choristes amateurs «éclairés», l’EVA aborde les œuvres a cappella, le répertoire lyrique et symphonique et les œuvres contemporaines.

Créé en 1971, l’ensemble est toujours dirigé par sa fondatrice Eliane Lavaï, ancien professeur de direction chorale et de chant choral au Conservatoire de Bordeaux, qui fêtera l’an prochain son jubilé au pupitre. Figure majeure du chant choral en région, elle dirige -outre l’EVA- les trois autres ensembles (dont deux professionnels) qui composent l’association Polifonia Eliane Lavaï.

Quand vous avez créé cet ensemble en 1971 les formations de ce type étaient plutôt rares en région. Depuis, les choses ont évolué...
EL: Maintenant il y a effectivement beaucoup de choeurs, ce qui est trés bien, d’autant qu’ils sont de factures trés différentes : gospel, oratorio, a capella... C’est intéressant de voir que le chant choral est un domaine dans lequel on peut faire beaucoup de choses, il n’est pas aussi étriqué qu’on a longtemps pu le penser. On le constate d’ailleurs aujourd’hui sur les ondes ou à la télévision... Je m’en félicite, bien sûr. Et je crois y avoir un peu contribué puisque c’était mon travail de former des chefs de choeur. D’ailleurs un certain nombre de mes anciens élèves seront présents l’année prochaine lorsque nous fêterons mon jubilé. Je tenais à les inviter ainsi que leur choeur.

Pourquoi avoir choisi la Messe en Si de Bach pour les 40 ans de l’EVA ?
Nous avons fêté beaucoup d’anniversaires de l’ensemble avec Bach : la Passion selon Saint Jean pour le 10e, la Passion selon Saint-Matthieu pour le 20e et bien d’autres au fil des ans. Ce sont des oeuvres très marquantes, donc il est normal qu’elles étayent la vie d’un choeur. Mais il est vrai que celle-ci est un gros morceau, et que notre ensemble est en théorie un peu trop important pour les oeuvres baroques. Mais nous l’avons travaillé comme un choeur de 50 personnes, en tout cas de façon à ce que le résultat soit transparent et limpide comme il doit l’être, sans que le résultat ne soit altéré par le nombre.

Vous proposez deux représentations dans des lieux très différents : le Palais des Sports et la Basilique Saint-Seurin. Le lieu a-t-il son importance ?
Le Palais des Sports est un grand vaisseau, c’est vrai, mais je le connais bien depuis le temps. C’est très grand donc le danger est de chercher à chanter fort alors que c’est inutile. Il suffit de bien articuler, de bien se présenter et bien arrondir la voix. Il n’y a pas de réverbération donc il faut être précis, bien sûr, car tous les défauts s’entendent. Il est vrai que la musique baroque est plus souvent jouée dans des salles plus petites. Mais j’ai assisté l’année dernière à la représentation de la Passion selon Saint-Matthieu donnée là par l’ensemble Arpège et j’ai été trés agréablement surprise :
cela passait finalement très bien. Quant à Saint-Seurin, c’est évidemment un très bel endroit parfaitement adapté à cette musique religieuse. Mais je sais qu’il y a des spectateurs qui n’iront jamais écouter cette musique au Palais des Sports, tandis que d’autres ne mettront pas les pieds dans une église. Alors c’est aussi une façon de satisfaire tous les publics !•
Propos recueillis
par Sophie Lemaire

Messe en Si de J.S. Bach, par l’Ensemble Vocal d’Aquitaine et l’orchestre les Caractères. Dimanche 17h au Palais des Sports, 20h dans la Basilique Saint-Seurin. Tarif: 25€ www.polyfoniael.org