Que reste-t-il de cette haute Lande que sillonna en son temps Félix Arnaudin ? Dans les pas du photographe du XIXe siècle, qui laissa un vaste corpus de photographies de ce territoire largement sauvage, la Maison de la photographie de Labouheyre a demandé à trois photographes de poser à leur tour leur regard sur la haute Lande d’aujourd’hui.

C’est ce travail, premier chapitre d’une série en cinq saisons, qui est exposé en ce moment sur les cimaises de la vieille église Saint-Vincent à Mérignac. 



Trois semaines de résidence

L’initiative revient à Frédéric Desmesure, photographe bordelais et directeur artistique de la Maison de la photographie de Labouheyre. Son projet « Landscape » a pour enjeu de « participer à une définition possible de notre identité » au travers de ces regards multiples de photographes invités. 
Pour la première saison, trois artistes sont venus travailler en résidence à Labouheyre.

Pendant trois semaines, ils ont sillonné le territoire, l’ont appréhendé chacun à leur manière. Leurs images dévoilent les paysages de la haute Lande saisis au prisme de leur sensibilité et de techniques photographiques différentes.


Sabine Delcour utilise un objectif à bascule et décentrement pour jouer sur les zones de flou et de netteté, renforçant l’atmosphère onirique, l’apesanteur visuelle de ses clichés. Face à ses grands formats argentiques, le spectateur se sent comme un guetteur observant la nature depuis son intérieur.


Romann Ramshorn utilise à plein le grain et le contraste du noir et blanc dans une série argentique où le vide des grands espaces est empli de poésie et d’histoire, où les routes tracent des sillons luisants sous des ciels chargés et les forêts gardent les traces des tempêtes passées. 



Un nouvel héritage

Maitetxu Etcheverria s’intéresse moins à la nature sauvage qu’à sa confrontation avec les créations humaines. Deux vieilles carcasses de voitures abandonnées dans les fougères, un toit de station service au dessus des ajoncs... Elle est aussi la seule à photographier des hommes (ou des femmes) croisés sur son chemin – même si leur présence est inscrite en creux dans les clichés de Romann Ramshorn – dans une série très inspirée réalisée le long de l’incontournable autoroute A63.


À eux trois, ils posent les bases d’un nouvel héritage photographique dont la construction se poursuivra ces quatre prochaines années avec d’autres photographes, d’autres regards portés sur ce même sujet multiple et changeant. 
Leur travail est à voir jusqu’au 15 mars à l’église Saint-Vincent de Mérignac. Chacun des trois photographes y présente également un autre travail personnel.

SL


Photo : Trois photographes pour une plongée dans la haute Lande © Sabine Delcour