Tchekhov, Machiavel, Dostoïevski, Maupassant, Beaumarchais, sans oublier Molière ni La Fontaine... Hasard du calendrier, neuf salles de l’agglo nous aident à réviser nos classiques ce mois-ci. C’est bien connu, c’est dans les vieilles plumes qu’on fait les meilleures scènes...


Et ce n’est pas parce qu’on dit “classique” qu’il faut entendre “poussiéreux”. Prenez Tchekhov, par exemple, à l’affiche cette semaine à la fois au Carré des Jalles et aux 4 Saisons de Gradignan. Révolutionnaire en son temps, il continue de nous parler aujourd’hui car, comme le dit si bien Christian Benedetti, « son oeuvre pose sans cesse la même question : “qu’est-ce que le contemporain ?” » 


Benedetti s’était frotté à l’oeuvre du maître russe avec « La Mouette » dès 1980. Retour aux sources, donc, « à la maison » comme il dit, pour le directeur du Théâtre-Studio d’Alfortville. Sa nouvelle « Mouette », encore plus épurée que la première et acclamée à Paris, ouvre ce mercredi soir aux 4 Saisons un triptyque Tchekhov donné sur trois jours – viendront demain « Oncle Vania » et vendredi « Trois Soeurs ». Trois monuments, trois chroniques d’une province entre passion, rêves d’ailleurs et désoeuvrement... Dans quelque pays que l’on vive, rien n’a vraiment changé sous le soleil... Fait marquant, un scéno si légère que toutes trois pourraient aussi bien se passer dans un même lieu... et ça se vit comme une saga (20h45, 8-21€, pass 34-42€).  


La création aquitaine n’est pas en reste : Tchekhov toujours, au Carré des Jalles cette fois, avec « Lost In Tchekhov », créé hier soir par la Cie Nom’na de Catherine Riboli. Une amoureuse des belles lettres qui trouve avec « La Cerisaie » une base parfaite pour un nouveau regard, une nouvelle façon d’aborder le rapport scène-spectateur. Un dynamitage des codes du théâtre que Tchekhov lui-même n’aurait certainement pas renié (jusqu’à vendredi, 20h30, 9-22€).



« Nous réinventer »

Rapide retour aux 4 Saisons pour l’autre classique à venir : « Le Prince » de Machiavel, le 23 (20h45, 8-21€). Là encore, l’intemporel aura droit à une sacrée cure de jouvence avec l’iconoclaste Laurent Gutmann aux manettes. Et, puisqu’on parle prince, le tout jeune collectif sorti des rangs de l’ÉSTBA Les Bâtards dorés s’attaquera avec « Princes », du 19 au 25 à la Manufacture Atlantique (20h, 10€), à un autre monstre sacré russe, Dostoïevski. Avec un pas de côté pour aborder « L’Idiot » en imaginant sa suite, après la mort de Nastassia. Pour eux, le parallèle est évident : « La vieille Russie de Dostoïevski. La vieille France d’aujourd’hui au sein de laquelle nous désirons nous réinventer. »


Quand on évoque les classiques, notre superstar Molière n’est jamais bien loin. Samedi, c’est son grandiose « Malade imaginaire » que mettra à l’affiche le Théâtre du Pont tournant, dans une mise en scène maison toujours fidèle aux didascalies de l’auteur (20h30, 15-25€). La semaine prochaine, c’est un Julien Jamet plus libre, forcément, qui donnera sa mise en voix du frisonnant « Horla » de Maupassant (20h30, 12-20€). Sa compagnie, Les Labyrinthes, sera ensuite aux côtés du Talent Girondin à l’Inox, du 17 au 22, dans un beau texte de Jean-François Prévand dont le titre se suffit presque à lui-même : « Voltaire Rousseau » (20h33, 12-16€).

Quant à Molière, on le retrouvera au Pin Galant le 17 avec « L’École des femmes » dans une mise en scène nommée aux Molières signée Philippe Adrien (20h30, 8-39€). Pour le plus jeunes, c’est à l’Entrepôt du Haillan que la salle de Mérignac programme le 22 « Les Fables de La Fontaine » mises en scène par William Mesguich (16h, 9-13€).


On n’oubliera pas, bien entendu, le TnBA, faisant ce mois-ci oeuvre de répertoire avec aussi « L’École des femmes » (du 31 au 9/04, 9-25€), cette fois par la Cie À Brûle Pourpoint. Plus les grands noms de la littérature sortis de la « Bibliothèque des Livres vivants » de Frédéric Maragnani pour son retour du 11 au 14 (20h, 9-25€) : Lewis Carroll, Virginia Woolf ou, nouveauté, Jane Bowles...


Un dernier mot sur la Pergola, à Caudéran, qui donnera dès vendredi ce bon vieux « Mariage de 
Figaro » de Beaumarchais (21h, 11,50-19€). •

Sébastien Le Jeune

Photo : Quadruple ration de Tchekhov cette semaine : au Carré, « Lost in Tchekhov » ou « La Cerisaie » revisitée par la Cie Nom’na de Catherine Riboli ; aux 4 Saisons, un triptyque « La Mouette » (à dr.), « Oncle Vania » et « Trois Soeurs » signé Christian Benedetti du Théâtre-Studio d’Alfortville. © Mélanie Panczuk / Roxane Kasperski