Brelan de dames |
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Jeudi, 08 Mars 2012 03:58 |
A Bordeaux, au Glob Théâtre, c’est Nadine Gabard qui est mise en avant par la Compagnie Éclats avec «Elle a tout d’une diva». Créée sur le Plateau d’Eysines début février sur un texte commandé à Virginie Barreteau, cette «fantaisie lyrique» oscille dans un va-et-vient fluide entre l’art dramatique et le récital. Autour d’une histoire de roi qui trompe sa reine avec une bergère, une mezzo-soprano dit le sort qui est réservé aux chanteuses dans son registre, toujours moins considérée que la soprane. La vraie trouvaille est du côté du choix du répertoire, qui ne se cantonne pas au classique. Aussi large que les émotions brassées par le texte, il bondit d’un John Cage à Nicole Croisille, de Piaf à Lully, de Poulenc à Dalida. La mise en scène de Stéphane Guignard hésite parfois entre le trop simple et le trop chargé – voir l’effet “feu de cheminée” en vidéo pendant le final sur l’air de l’enfant de Bohème du «Carmen» de Bizet –, mais l’interaction avec le texte projeté fonctionne bien, et la scénographie a le mérite de laisser de la liberté à la dame. Et Nadine Gabard a en effet tout d’une diva, sauf l’arrogance et la suffisance. Elle en a la gorge généreuse, l’aura naturelle le talent de se mettre à nu. Mais le doute l’étreint jusqu’à la moelle de l’humilité et, derrière son talent de caméléon vocal qui aime et fait aimer toutes les musiques, même les plus arides, n’en ressort que plus crûment son intense féminité.
Sébastien Le Jeune |