Pour de nombreux théâtres, l’heure est à la rotation. Certaines pièces s’installent dans la durée, d’autres ne sont là que pour quelques représentations.

À commencer par «J’me sens pas belle», proposée à partir de jeudi au Trianon et pour trois représentations seulement. La comédie que Bernard Jeanjean a adapté lui-même de son long-métrage (où jouaient Marina Foïs et Julien Boisselier) arrive auréolée de bonnes critiques de la presse parisienne, où elle a été donnée successivement à la Manufacture des Abbesses et à la Grande Comédie à plus de 200 reprises. Fanny (Mélodie Marcq) ne veut plus entendre parler d’amour mais les aventures d’un soir, pourquoi pas. Et ce soir-là, justement, elle invite son collègue de bureau Paul (Laurent Maurel), bien décidée à jeter son dévolu sur lui. Mais rien ne va se passer comme prévu dans cette pièce douce-amère, touchante et drôle à la fois.
Jeudi, vendredi et samedi à 20h30, 12-21,80€. Tél. 05 56 48 86 86.

Re-naissance
Dans un autre registre, «L’Apprentissage» débarque lui aussi, au Théâtre du Pont Tournant, dans un concert de louanges. Sur une mise en scène de Sylvain Maurice, Alain Macé interprète, incarne même, au plus près, le texte dur mais d’une incroyable justesse de Jean-Luc Lagarce. Un homme se réveille, reprend ses esprits. Combien de temps a-t-il passé dans le coma ? Le sait-il lui-même ? Le voilà détaillant sa sortie du tunnel, son retour à la conscience, à la vie et au monde qui l’entoure. À la manière d’un Beckett, la plume tout en férocité de Lagarce sait arracher le sourire, questionner sur les banalités du quotidien dans un univers d’hôpital, et surtout interroger sur les affres du retour à la perception. N’était-ce pas mieux avant ? Alain Macé est si impressionnant de présence dans sa prise de texte qu’il le magnifie et décuple son message.
Vendredi et samedi à 20h30, dimanche à 16h, 15-25€. Tél. 05 56 11 06 11

Coup double aux Salinières
Deux rotations d’un coup ou presque aux Salinières. Démarrée en fin de semaine dernière, «Désiré» n’est autre que la fameuse pièce écrite en 1927 par Sacha Guitry. L’histoire de Désiré, domestique, qui à chaque fois s’éprend de ses patronnes et finit inévitablement par se faire renvoyer. Bien décidé à arrêter les frais, Désiré se retrouve un jour face à une patronne qui l’aime en retour… Frustration, vanité et politique, autant de thèmes en filigrane dans cette comédie beaucoup moins légère qui n’y paraît mais où on ne s’ennuie pas un seul instant. Et on rit – évidemment, c’est du Guitry. Demain soir, démarre «Sans mentir», de Xavier Daugreilh, un des auteurs d’«Un gars une fille». La drôle de galère où s’est embarqué Serge, célibataire endurci mais prêt à tout pour séduire une femme qui dit n’être attirée que par les hommes mariés. S’inventant une vie de couple, une fausse résidence de vacances, les mensonges s’amoncellent, jusqu’à ce que le château de cartes s’écroule. De la bonne réplique à gogo. •     Sébastien Le Jeune

«Sans mentir», dès demain, puis les mardis et mercredis à 20h30, 12-20€. Jusqu’au 2 mai. «Désiré», du jeudi au samedi à 20h30, et dimanche 25 à 15h, 12-20€. Jusqu’au 7 avril. Tél. 05 56 48 86 86.