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Minh Tran Huy, chants du déracinement PDF Imprimer Envoyer
Mardi, 31 Mars 2015 06:00

Ils étaient cinq en lice pour le Prix des lecteurs de l’Escale du livre et, au bout de plusieurs mois de discussions dans les médiathèques de l’agglo partenaires, il n’en est resté qu’une : Minh Tran Huy, avec son touchant « Voyageur malgré lui », entre intime et grande Histoire, entre fibre voyageuse et chroniques de l’exil. 


 

On retrouve au travers de ce roman à la saveur autobiographique les thèmes chers à la Franco-Vietnamienne : l’histoire de l’Indochine, ses guerres, ses dictatures, l’exil, la mémoire et l’identité, déjà évoquées par touches dans ses précédents romans, « La Princesse et le Pêcheur » et « La Double vie d’Anna Song » (Prix Pelléas et Prix Drouot 2010), ou dans son recueil de contes « Le Lac né en une nuit ».

Là encore, Minh Tran Huy débute par un pas de côté pour mieux entrer dans le vif du sujet. Line, l’héroïne, tombe par hasard à New York sur une exposition consacrée à... un Bordelais “célèbre” : Albert Dadas (1860-1907), ouvrier gazier de son état et surtout atteint d’un mal aussi rare qu’étonnant, la dromomanie, le besoin irrépressible de partir à pied, direction le dernier endroit dont on lui a parlé, fut-ce la Russie ou l’Algérie ! – d’où il sera le plus souvent rapatrié manu militari.

Un « voyageur malgré lui », un vrai, ouvrant la première partie, « Allers », dont la construction brouille volontairement les pistes pour jeter les bases de cette notion labile et floue du déracinement – on y croise Dadas, mais aussi le frère de Line “exilé” dans la folie, ou Samia Yusuf Omar, la coureuse de fond somalienne qui courait pour échapper à son destin, son pays meurtri qu’elle représentera aux Jeux olympiques de Pékin avant de disparaître en 2012 en tentant de franchir la Méditerranée comme tant d’autres, sur une embarcation de fortune...

Tout s’éclaircit dans la seconde partie, « Retours ». Retour à Paris, retour à l’histoire familiale. Deux fils narratifs s’entrecroisent, celui de Line et celui de Huong, son père, un homme dont « le silence était l’élément naturel », la (vaine) tentative d’oubli de sa terre d’origine une condition sine qua non pour continuer à vivre, à s’intégrer en France, sa nouvelle patrie. De quelques traits d’une plume impeccable, Minh Tran Huy lui soutire des mots forts, touchants, sur l’enfer des camps et de l’exode. On est fasciné autant qu’ému : un Prix amplement mérité. •  

Sébastien Le Jeune

Minh Tran Huy, « Voyageur malgré lui » (Flammarion), en vente à la Fnac, 18€

L’auteur sera présente pour deux interventions à l’Escale : samedi 11 au Comptoir des mots (15h), pour un regard croisé sur la « Mémoire et langue de l’enfance » en compagnie de Frédéric Aribit et Olivier de Solminihac ; dimanche 12 au studio du TnBA (11h) pour la remise de son Prix suivie d’une rencontre.
www.escaledulivre.com

 

Photo : Minh Tran Huy dessine une nouvelle facette de son incessante quête de racines. © Astrid di Crollalanza

 

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