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Il s’en va avec allure PDF Imprimer Envoyer
Mercredi, 04 Avril 2012 00:03

«Un dernier pour la route» est le spectacle avec lequel Gibert Tiberghien dit au revoir avec panache au TNT avant de quitter définitivement les lieux en septembre. Il était avec sa compagnie en résidence depuis 15 ans au TNT Manufacture de chaussures.

Le départ d’Éric Chevance à la tête du théâtre, l’arrivée de son successeur, le metteur en scène Frédéric Maragnani, l’écriture d’un nouveau projet pour ce lieu et d’une nouvelle histoire, l’ont amené à prendre la décision d’aller au devant de nouvelles aventures. Rencontre.

Avant de quitter le TNT, rebaptisé Manufacture Atlantique, vous proposez un dernier spectacle autour du «Discours de la servitude volontaire» d’Étienne de la Boétie. Pourquoi ce texte ?
Le TNT dont je suis un des fondateurs est voué au théâtre contemporain. J’ai voulu pour dire au revoir faire un pied de nez à la modernité en choisissant un texte vieux de plus de quatre siècles, qui trouve une résonance encore aujourd’hui. Et ce, pour deux raisons. La première réside dans la nature des rapports que nous avons noués au TNT entre techniciens, artistes et public. Je pense que ce texte parle fondamentalement des relations que l’homme tisse avec son voisin. La seconde est liée à l’actualité récente des révoltes arabes et celle que connaît aujourd’hui la Syrie. Je crois que c’est le «Discours» qui s’est joué dans ces événements. J’ai à l’esprit une phrase extraite du texte : «Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres.» C’est à nous de dire non. Or, notre vie continue avec des gens qui ont le mépris de nous exploiter. Le texte, que j’ai adapté avec Sergio Guagliardi, est fulgurant, irréductible. Un brûlot qui interroge la place de l’individu parmi les autres et qui se termine sur l’amitié… 

Quels sont les partis pris de mise en scène ?
Pour manier le paradoxe, nous jouons, Chazam et moi, deux agents de sécurité. Nous faisons notre ronde, notre travail consiste à scruter des écrans de surveillance. Le texte se donne à entendre dans cet environnement. Nous sommes conscients d’être exploités. Pour autant, nous continuons de travailler.
Êtes-vous à la recherche d’un autre théâtre ?
Je cherche effectivement un lieu autre. Lorsque nous avons décidé de donner le lieu à Frédéric Maragnani, je suis allé le voir pour lui dire que je souhaitais partir pour le laisser travailler. Or, j’ai 15 ans de mémoires administratives, de costumes au TNT... Je ne partirai donc pas avant septembre. Ce lieu futur, je voudrais qu’il fonctionne sous la forme d’une coopérative, autour de notions de partage, de troc, d’échanges réels.

À la veille du départ, quel est votre état d’esprit ?
«Contr’un» est le sous-titre du «Discours». Il est certain que si Sarkozy repasse j’arrête tout. Je suis dégoûté de la bêtise de ce gouvernement. Si la gauche accède au pouvoir, je crois qu’il y aura encore une marge de manœuvre. Je considère que le théâtre n’est pas du divertissement, qu’il a un rôle civique fondamental à jouer. Je dis cela non pas en pensant à la pièce que je viens de monter, mais parce que je n’ai pas une langue de bois.•      Recueilli par Camille Carrau

 

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