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La tentation de l’orient PDF Imprimer Envoyer
Vendredi, 06 Avril 2012 01:35

Après le temps, l’espace – celui qui nous sépare et qui nous unit. Avec  «Shanghai !», la 2e grande exposition de l’Institut Bernard Magrez, artistes d’Orient et d’Occident confrontent leurs regards. Étourdissant !


Ashok Adicéam, le directeur de l’Institut et commissaire de l’exposition, voulait réunir des oeuvres «qui parlent directement aux gens». Le pari est réussi. Dès le pavillon du Château Labottière, on est saisi par cette notion de perméabilité entre la Chine et le reste du monde – qui justifie le sous-titre de l’expo, «La tentation de l’Occident». Par l’oeil des photographes occidentaux (Struth, Basilico, Gronsky) et les interventions de l’«artiviste urbain» français JR sur Shanghai, où l’homme ploie sous l’immensité de la ville. Et par les pièces magistrales, colossales, en extérieur. Le choc nature/cité dans la nouvelle Chine, figuré par le «Crâne de la Terre» de Shen Yuan, météore de 7 tonnes parsemé de répliques de buildings (du monde entier) en miniature. Le globe posthume du Shangaïen Chen Zhen, dessiné en 1997, trois ans avant sa mort, et créé en 2009 pour la Biennale de Venise : pour sa première sortie, la sphère à l’équateur serti de chaises et au coeur illuminé de la Déclaration des droits de l’Homme en idéogrammes trouve dans le jardin XVIIIe une résonance toute particulière avec l’universalisme de l’Europe des Lumières. Plus loin, sa veuve a recréé avec l’aide de Laurent Valéra – artiste en résidence à Labottière – l’une des premiers gestes de Chen lors de son arrivée en France : stupéfiante, sa chambre d’ascète, noyée sous une argile purificatrice.

Les défis de la jeune garde
L’accueil du Château est “assuré” par une silhouette familière, «Ombre blanche», l’éléphant blanc de Huang Yong Ping, déjà présent pour «L’Étoffe du temps», la précédente exposition. Le mammifère en pleine mue semble cette fois entamer le dialogue avec les toiles de l’écrivain Henri Michaux, le «Barbare en Asie» que l’on retrouve dans la bibliothèque aux côtés de figures de la recherche chromatique, Zao Wou-Ki, Soulages et Matisse, qui se rejoignent autour d’un noir fait couleur, et d’un geste proche de la calligraphie. La même gestuelle spontanée se retrouve étonnamment dans le «Mao» de 1973 d’Andy Warhol. Loin des sérigraphies géantes aux aplats impeccables, ce petit bijou semble répondre à une autre pièce maîtresse, l’“antiportrait” d’Obama par l’autre Shangaïen Yan Pei-Ming, à la technique brute, proche d’un Pollock. Deux splendides regards croisés par-dessus le Pacifique. On comprend enfin combien la jeune garde chinoise, poreuse à la mondialisation, s’approprie les codes de la société de consommation pour mieux les détourner, et y trouve des ressources pour contester l’autoritarisme, au travers d’oeuvres emblématiques d’un Wang Guangyi ou d’un Ai Weiwei. «Le plaisir n’est pas incompatible avec la connaissance», dit Adicéam ? Plaisant et édifiant voyage, en effet... •         Sébastien Le Jeune

Du 7 avril au 22 juillet, du mercredi au samedi de 14h à 18h, et sur RDV pour les groupes, 4-6€. Nocturne guidée le vendredi jusqu’à 19h30. Tél. 05 56 81 72 77.

 

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