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Al Jarreau, l'interview : « La musique vous rendra heureux » PDF Imprimer Envoyer
Mercredi, 29 Avril 2015 07:00

Pour terminer sa saison de concerts en beauté, le 27 juin, le Rocher de Palmer, à Cenon, accueillera une légende vivante américaine, le seul avec Michael Jackson à avoir décroché trois Grammys du Meilleur interprète, et à la fois en jazz, en pop et en R’n’B : Monsieur Al Jarreau. Entretien.

 

Ça fait un moment qu’on ne vous avait pas vu à Bordeaux…
C’est vrai, et j’ai vraiment hâte d’y revenir ! Vous savez, d’abord, il y a un peu de mes racines en France, c’est le premier pays européen dans lequel j’ai joué. J’y ai toujours passé de formidables moments et j’y aime tout, en particulier la musique. Erik Satie – ah « Gymnopédie » ! Je peux même vous la chanter [et il commence à chanter, ndlr]. Michel Legrand, Double Six, des artistes qui ont changé ma vie ! Alors à chacun de mes passages en France, j’ai l’impression de vivre ce… [il s’essaie au français] « bel rêve » de venir dans ce pays merveilleusement romantique. Mais revenir à Bordeaux, c’est particulier : ça me rappelle à chaque fois à quel point j’adore le vin ! C’est vous dire si j’ai hâte !

Votre premier album sous votre nom, « We Got By », remonte à 1975. Soit il y a exactement 40 ans. Quel regard portez-vous sur votre carrière ?
Quel regard ? Plus qu’un regard, ça me donne envie de sauter de joie, de courir dans les rues en bondissant ! C’est une chance inouïe d’avoir la musique dans sa vie, vous savez ? C’est une chose si spéciale, une chose qui peut vous guérir à la fois physiquement et spirituellement… Un don de Dieu. Et avant même cette carrière solo, j’avais déjà 20 ans de musique derrière moi. Plus encore [il vient d’avoir 75 ans] si on remonte au ventre de ma mère… [passant en mode beatbox] Boom woof… Boom woof… Boom woof… That’s music boy ! (rires)

Voilà, tout ça pour dire que la musique n’est que « joie de vie ». C’est quelque chose que j’aime tellement qu’elle rend mes réveils heureux. Alors si j’ai un seul message à faire passer, c’est, si vous avez envie de vous lancer, faire de la musique, faites-le, la musique fera de vous quelqu’un d’heureux !

Ces trois Grammy Awards, dans trois styles différents, un signe d’ouverture à des influences multiples ?
Il ne faut pas s’arrêter à ces signes de reconnaissance, même si je les apprécie. Mais cela dit, cela sonne parfaitement à mes oreilles : oui, je suis un « jazz guy » [un type jazz], un « pop guy », un « R’n’B guy ». Et ça me va bien comme ça : je suis ainsi, les trois à la fois. C’est ainsi que je veux être…

Votre ami George Duke, le musicien et producteur disparu en 2013 auquel vous avez consacré votre dernier disque, ne vous a-t-il pas poussé à explorer toutes ces directions ?
Tout à fait ! George et moi, c’est une longue et merveilleuse histoire : elle remonte à 1965, on était pour ainsi dire des mômes tous les deux lorsque nous jouions au Half Note [club jazz de San Francisco]. Ensemble, à l’époque, on s’amusait comme des fous à travailler des titres que tout le monde dédaignait comme ceux du « Great American Songbook »… De bons vieux standards jazz un peu pop mais aussi du Janis Joplin, du Jefferson Airplane, du Grateful Dead… Et les gens sont tout de même venus nous voir, sans arrêt, de plus en plus. Cette variété d’inspirations plaisait, alors on a suivi notre rêve.

Plus tard, George est devenu ce grand leader du jazz fusion grâce à son talent et à son ouverture. C’est un peu la leçon qu’il nous a laissée : écoutez quantité de choses et travaillez sans relâche votre instrument afin de pouvoir exprimer ce que vous voulez, ce que vous êtes vraiment. À moi, il m’a donné le courage. Celui d’“apprendre” à chanter, moi qui n’avait suivi aucun parcours académique. Celui, plus tard, de dire non à l’industrie du disque : non, je ne suis pas seulement un chanteur de jazz !

Mais le concert ne se résumera pas à ces derniers titres, si ? Jouerez-vous vos standards, ou des nouveaux morceaux encore en préparation ?
Non, je jouerai ce que les gens veulent entendre, je n’ai jamais aimé ces artistes qui ne jouaient que leur dernier CD alors ce n’est pas mon genre. Je vais donc ressortir le « livre de mon histoire » (rires)… Et jouer les anciens incontournables, comme « Boogie Down », « Moonlighting » [la B.O. de la série « Clair de lune » avec Bruce Willis dans les années 1980], « Take Five », « We’re In This Love Together »… Mais aussi de nouvelles choses… Parce que j’étais sur un grand projet d’album quand George nous a quitté, et j’ai dès lors tout laissé en plan pour me consacrer à son hommage, laisser la place, le temps qu’il fallait à ce projet pour qu’il vive suffisamment longtemps.

J’ai donc une dizaine de nouveaux titres mais le temps a passé, et en même temps que je vous parle, je suis toujours en train de réfléchir à ce nouveau projet. Quelle direction lui donner ? Avec qui collaborer ? Et de nouvelles idées arrivent sans cesse… Mais ne vous inquiétez pas, je vais me décider ! Je pense que d’ici un an, 15 mois peut-être, vous aurez un nouvel album d’Al Jarreau. •  

Recueilli par Sébastien Le Jeune

Le 27 juin au Rocher de Palmer (Cenon), 20h30, 33-37€. Tél. 05 56 74 80 00 ou www.lerocherdepalmer.fr

 

Photo : « George Duke m'a donné le courage de dire à l’industrie du disque : “Non je ne suis pas seulement un chanteur de jazz !” » © Marina Chavez

 

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