Depuis le temps qu’on l’attendait... La capitale aquitaine se dote enfin d’un festival musical à fort rayonnement, le Bordeaux Music Festival. Greffé à Bordeaux Fête le vin, certes, mais d’un éclectisme et d’un niveau assez relevé pour séduire tous les publics.

Lors des précédentes éditions des Fêtes, du vin et du fleuve, on avait pu sentir un frémissement avec, notamment, «l’ouverture culturelle via l’Opéra de Bordeaux et Jazz in Marciac», rappelle l’adjoint au Tourisme Stéphan Delaux. «Cette fois-ci, nous avons voulu aller plus loin dans le choix de notre axe artistique», poursuit-il. Le résultat est là : un Bordeaux Music Festival qui va investir la place des Quinconces (qui pourra accueillir plus de 4 000 spectateurs assis) et comprendra 4 dates, étalées du 26 au 30 juin, avec au menu du classique et du jazz donc, mais aussi des sons plus pop-rock. Ce que l’on pourra constater d’entrée de jeu avec le grand retour en Europe du “monument” Lou Reed. Le chanteur rock, véritable poète urbain fondateur du mythique Velvet Underground en 1964, ne donnera que cinq concerts dans l’Hexagone, dont celui du 26 juin à Bordeaux. «Le dernier concert rock sur l’esplanade, c’était les Pink Floyd, et ça remonte à 1994 si je me souviens bien», indique Patrick Duval, le directeur du Rocher de Palmer et de Musiques de Nuit Diffusion, qui a rendu possible cet événement exceptionnel. Une première participation du Rocher à marquer d’une pierre blanche : il s’agit d’une des premières manifestations bordelaises d’envergure dont la CUB est partie prenante depuis qu’elle a acquis une compétence culturelle.

Prix raisonnables
Le hic, concernant Lou Reed, c’est le tarif : 47€, en raison du cachet important de l’artiste dont c’est probablement l’une des dernières tournées. Pas donné mais, à ce prix-là, on aura droit à deux belles premières parties, avec Jonathan Wilson, auteur d’une psyché-folk 70’s à mi-chemin entre Neil Young et David Gilmour, et Allison Weiss, jeune songwriter newyorkaise qui a tapé dans l’oeil de Reed. Par son prix élevé, ce concert se distingue des trois autres, qui seront tous à 25€ en tarif plein (15€ réduit). Et ce, grâce à un ensemble de partenariats – Caisse d’Épargne, Casino Barrière, notamment – qui ont permis d’alléger la facture pour les spectateurs. Pour cette somme relativement modique, on pourra ainsi voir, jeudi 28, l’ONBA dirigé par Kwamé Ryan donner un florilège du répertoire espagnol ou inspiré par l’Espagne, Sarasate et De Falla en tête, mais aussi Bizet et Ravel, évidemment. Avec en prime le plus rock’n’roll des violonistes en la personne de Nemanja Radulovic, le virtuose franco-serbe «chouchou» des Bordelais. La première partie sera assurée par le duo de chanson française festive MO. Les soirées du vendredi 29 et du samedi 30 seront, quant à elles, estampillées Jazz in Marciac. Le vendredi, place à la délicate Stacey Kent qui reprendra les grands classiques de son répertoire jazz, précédée par un ovni musical : les Hongkongais de SIU2, qui mêlent allègrement les sons d’Orient et Occident en maniant à la fois instruments modernes et traditionnels chinois. À découvrir. Enfin, samedi, on retrouvera l’ONBA pour la soirée. D’abord avec Matthieu Arama qui fera apprécier son talent sur le «Château Fombrauge», le Stradivarius prêté par la Fondation Bernard Magrez. Ensuite, et surtout, aux côtés d’une grande dame du jazz, Dianne Reeves, l’une des plus grandes et des plus titrées chanteuses en activité, pour un de ces récitals symphoniques dont la diva a le secret. Alléchant programme, donc, pour cette 1re édition qui se présente sous les meilleurs auspices. •     Sébastien Le Jeune
Tous les concerts sont à 21h30. Les locations sont déjà ouvertes sur www.bordeauxfetelevin.com ou via www.francebillet.com