Il faut l’espérer, au moins pour ce soir et la session inaugurale gratuite, square du Palais-Gallien, du Printemps des cinéconcerts, qui proposera jusqu’au 12 mai six propositions originales.

Marie-Agnès Bordes, coordinatrice culturelle du Centre Jean-Vigo événements qui a créé la manifestation il y a maintenant 12 ans, veut «rester optimiste» face aux aléas d’une météo fort peu clémente ces temps-ci. Il est vrai qu’il serait dommage que la pluie vienne jouer les trouble-fête sur le magnifique site du Palais Gallien, ce soir à partir de 21h30. Et oblige les organisateurs à annuler le cinéconcert d’ouverture (rendu gratuit et ouvert à tous grâce au partenariat noué par le Centre avec l’entreprise Fayat) concocté par Pascal Bonnard sur «The Cat & The Canary», de Paul Leni. Une création 2011 qui a rencontré un grand succès, le musicien se plaisant à mêler guitare et nappes électroniques pour mieux épouser l’atmosphère de maison hantée du long-métrage de 1928.

De Feuillade à Kubrick...
Si celui-ci tombe à l’eau, il faudra patienter jusqu’à mercredi prochain pour assister à la suite de ce riche programme, constitué essentiellement de «créations de l’année», précise Marie-Agnès Bordes. «En majeure partie, des commandes auprès des intervenants musicaux issus de notre réseau ou qui se sont proposés spontanément, ajoute-t-elle. Car nous avons pour politique de varier les formations et surtout les créations, dès qu’elles ont été beaucoup diffusées ici et ailleurs. Cela permet de montrer la richesse et la variété du patrimoine cinématographique, essentiellement muet, que l’on cherche à faire redécouvrir avec ce festival devenu l’un des plus grands du genre en France.» Comme pour la faire mentir, mercredi 2 ne sera pas consacré à un muet... mais pas loin : après «Nosferatu» et «Le Cabinet du Dr Caligari», Zone Libre, le groupe de l’ex-Noir Désir Serge Tayssot-Gay s’attaquera au monument de Kubrick «2001, l’Odyssée de l’espace» (Casino-théâtre Barrière, 20h30). Vendredi 4 marquera le grand retour de l’ONBA au cinéconcert, sous la direction et sur une composition contemporaine du Marseillais Raoul Lay, pour illustrer le 1er épisode du «Fantômas» de Louis Feuillade, qui remonte à 1913 (Palais des sports, 20h).

Et du classique au swing manouche
Samedi 5, la Cour Mably verra la projection de «The Strong Man» de Frank Capra (1926), le “blockbuster” de l’époque qui fit rentrer le comédien Harry Langdon au panthéon des stars du muet, aux côtés de Chaplin, Keaton et Harold Lloyd. La couleur musicale sera donnée par le quartet de jazz manouche StringSwing, dont ce sera la première création pour un cinéconcert (21h30). En deuxième semaine, outre un bon Keaton («Steamboat Bill Jr») réservé aux scolaires, on aura droit jeudi 10 à une nouvelle composition de la pianiste Karol Beffa, rouée aux musiques de films et aux cinéconcerts, qui promet un mariage de jazz ragtime et de classique post-romantique pour carrément «donner vie à des personnages, à des situations» sur le poignant «Journal d’une fille perdue» (1930) de l’Allemand Georges W. Pabst (Grand-Théâtre, 20h). Enfin, samedi 12, c’est Paul Goussot, organiste titulaire de l’Abbatiale Sainte-Croix, qui habillera à nouveau de ses improvisations – primées en 2010 à La Nouvelle-Orléans – «La Passion de Jeanne d’Arc» (1927) de Carl T. Dreyer sur un orgue comme flambant neuf : celui de la basilique Saint-Michel (21h30). •    Sébastien Le Jeune

Tarifs : 7,70€-10€. Le programme plus en détail sur www.jeanvigo.com/cineconcerts2012.html