Il n’est pas si anodin que les deux pièces soient programmées en parallèle, dès ce mardi soir au TnBA : « Peau d’âne » et « Petit Eyolf », deux contes ou pas loin, entre cruauté, rire (parfois) et réflexion. Perrault, Ibsen, même combat ?


La grille de lecture du « Peau d’âne » est simple : si la fille du roi fait de tels caprices, si celui-ci la couvre de cadeaux délirants, c’est bien parce que le roi laissé veuf s’est mis en tête qu’il ne trouverait pas plus belle que sa mère. Alors il la désire, elle, la chair de sa chair. De cette porte grande ouverte à une réflexion sur l’inceste, Jean-Michel Rabeux a choisi d’en adoucir un peu le propos – sans noyer le fond – et d’enrober le tout dans ces paris scéniques qu’il aime tant : l’anachronisme, la couleur, le rire par tartines et une bonne dose d’effets spéciaux. Tant et si bien qu’on peut y aller avec des petits, dès 6 ans.


« Petit Eyolf » s’adresse, elle, à un public plutôt adulte – des ados à la rigueur. Car la fable n’est que la trame retenue par le dramaturge norvégien du XIXe siècle Henrik Ibsen : Eyolf, 11 ans, handicapé, se sent mal à la maison et se laisse embarquer par la Demoiselle aux rats, un personnage du folklore norvégien qui le conduit tout droit à la noyade. Mais, en réalité, c’est bien de suicide qu’il s’agit, avec tout le poids de remords et de culpabilité que cela fera peser sur les épaules des parents. Julie Bérès, qui se frotte pour la première fois à la mise en scène d’un texte de théâtre, a considérablement rafraîchi la pièce : texte, cadre (un appart’ de bobos du XXIe siècle) et scéno à la mode. Sans rien faire perdre à la profondeur du propos. • SLJ


«Peau d’âne», Jean-Michel Rabeux / La Compagnie, ce mardi soir et vendredi à 20h, demain mercredi à 14h30 et 19h30, 8-12€

«Petit Eyolf», Julie Berès / Cie Les Cambrioleurs, ce mardi soir et vendredi à 20h30, demain mercredi et jeudi à 19h30, 9-25€

Tél. 05 56 33 36 80 et www.tnba.org

Photo : Inceste, perte d’un enfant... Pour mieux faire passer la pilule, les metteurs en scène forcent le trait : costumes anachroniques, travesti ou décors contemporains © Ronan Thenadey / Tristan Jeanne-Valès