Après les sumos de David Prudhomme et les Italies d’Alfred, l’asso 9-33 et son festival Regard 9 invitent pour la nouvelle édition, Christian Cailleaux, le dessinateur navigateur « Embarqué » avec la Marine nationale dans son dernier ouvrage. Pour le festival de création en bande dessinée, jusqu’au 7 juin, une belle manière de prendre le large. Ouverture officielle ce mardi soir, à 19h à l'Espace Saint-Rémi, entre vernissage et performance graphique.

Prendre le large... L’extra-large, même, puisque, comme chaque année, il s’agit pour l’artiste invité, initié aux joies de la navigation par feu Bernard Giraudeau avec qui il a signé deux livres, d’investir l’écrin aussi magique que géant de l’Espace Saint-Rémi. Pour cette exposition intitulée « La Terre est bleue », l’auteur fait un petit pas de côté par rapport à l’album très centré sur les questions de défense nationale pour nous faire entrer dans sa « dimension rêvée, fantasmée, littéraire du voyage » en offrant d’emblée des grands formats, « comme l’entrée d’un port, la descente sur un quai, comme une passerelle vers l’escale, vers l’île rêvée ».

Toute cette exposition centrale, faite uniquement d’oeuvres originales, tourne ensuite autour de cette notion, ses « visions de la mer », empruntant aussi bien à « l’imaginaire de l’enfance qu’aux émotions, aux ambiances que j’ai connues, cette sensation de débarquer et réembarquer, de rêver sans cesse de l’escale suivante ». 


Pour une immersion plus directe dans l’univers d’« Embarqué », on se tournera vers l’une des quatre autres expositions proposées tout au long de la manifestation, celle des planches originales à voir à la librairie BD Fugue. Et pour le reste des travaux de Cailleaux, direction Mollat où l’on peut voir des inédits de « Prévert, inventeur » coécrit avec un autre Bordelais, Hervé Bourhis ainsi que quelques planches originales croquées, pour « La Revue dessinée » ; et l’I.Boat, qui reçoit l’accrochage d’illustrations de pochettes de disques réalisées pour la série « Original Sound Deluxe » de Cristal Records, le label jazz – son autre dada. Enfin, pour la partie carte blanche, l’homme a choisi d’inviter un collectif croisé au fil de ses nombreux voyages, Tok-Tok, réunion de dessinateurs de presse égyptiens.

Feu d’artifice final

Façon pour lui de reprendre pied dans la réalité du monde, ce qu’on ressentira encore plus pendant le week-end final, du 5 au 7 juin, sur le pont de l’I.Boat. « De la traite négrière d’hier aux drames des migrants d’aujourd’hui, la mer n’est jamais anodine », se plaît à souligner Cailleaux. Et il en sera justement question lors de la première soirée, « Le Frémissement du monde », entre lecture musicale dessinée de poèmes d’Édouard Glissant et performance de graff sur fond de concert afrobeat.

Plus “légères”, les deux autres soirées : le samedi, impro graphique tout en musique, notamment autour du « Petit Livre rock » de Bourhis avec Alfred, Lejonc et Guérinaud ; le dimanche, croisements entre Prévert et le jazz en compagnie de Sandrine Revel, François Ayroles et la coloriste Isabelle Merlet. 
Également au programme de ce week-end à l’IBoat, une projection, le tournage d’une “spéciale Regard 9” de « L’Émission dessinée » (la WebTV de « La Revue dessinée »), et des propositions jeune public dont la toute dernière création d’Olivier Ka, « L’Enfant qui voulait toucher le ciel » avec au dessin Régis Lejonc et Olivier Latyk.


À noter, cette année, si les expos restent gratuites, les spectacles passent payants : 10€ la soirée (avec deux créations originales par soir), et 5€ seulement pour les mineurs, étudiants, minimas sociaux et aussi pour les détenteurs de billets des jours précédents. 20€ maxi pour tout voir, c’est pas la mer à boire... • 


Sébastien Le Jeune

Détails et billetterie sur www.rgrd9.com

Photo : Pour l’exposition « La Terre est bleue » à Saint-Rémi, Christian Cailleaux s’est essayé à de nouveaux formats, de nouvelles couleurs, de nouvelles techniques. © Christian Cailleaux