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Sans Saint-Michel, point de chahuts ! PDF Imprimer Envoyer
Mercredi, 10 Juin 2015 06:00

Chahuts s’apprête à vivre dès aujourd’hui et jusqu’à samedi l’un des temps forts de son histoire : après deux ans de travaux, le projet participatif à l’année « Travaux, vous êtes ici » arrive à son terme. 
Quatre ans d’échanges et de création au cœur d’un quartier Saint-Michel en pleine mutation : voilà qui valait bien une grande fête pour cette 24e édition du festival des arts de la parole. 
Entretien avec la directrice de Chahuts, Caroline Melon.

 



Que recherchiez-vous au départ du projet ? À accompagner la transformation du quartier ?
Accompagner n’est pas le mot, non. Parce que nous ne partions pas avec un point de vue à l’annonce des travaux, en septembre 2011, il ne s’agissait pas d’être pour ou contre. On a simplement voulu mettre Saint-Michel sous un microscope, savoir ce que ça nous fait – qu’est-ce que les mutations des villes entraînent comme mutations chez les gens ? Et surtout comment l’art, les artistes, peuvent-ils proposer des formes qui aident à réfléchir à ces changements, les peurs qu’ils engendrent comme celles de la gentrification par exemple ? Il ne s’agit donc pas d’une approche partisane, mais d’une démarche de militants de l’écoute de la parole des gens. Un travail qui peut parler ailleurs, bien au-delà de Saint-Michel.

Qu’est-ce qui vous a marqué au cours de ces quatre années ?
Je garde plein de grands souvenirs. Parmi les plus forts, sans doute, la danseuse Laure Terrier perchée sur les grilles du chantier pour une performance. Les ouvriers n’avaient pas le droit de parler de l’avancée des travaux avec les riverains, alors ils ne parlaient pas du tout. Cette intervention a recréé un lien entre eux et les gens du quartier. Et puis la permanence qu’on a tenue avec Jonathan Macias chaque lundi matin pendant deux ans, souvent à se geler les fesses ! Les commerçants de la place se demandaient ce qu’on faisait là, au début. Et peu à peu, des liens forts se sont créés avec eux. Il y a eu aussi la malle de Nicolas Milhé, que nous avons enterrée pour 30 ans sous les dalles l’an dernier. Que les gens y aient glissé ou non un message pour l’avenir, beaucoup de gens se sont dits touchés, émus par la démarche. À chaque fois, d’une forme artistique est né l’échange.

Cette édition est 100% michelaise, avec un peu moins de spectacles – mais rien que des très cotés ! Comme l’avez-vous conçue ?
Vous savez, d’habitude, il n’y a pas de thématique mais, là, avec une place à reprendre, elle s’est imposée d’elle-même – et le fait de rester à Saint-Michel aussi. Tout est venu très naturellement. L’idée du rite de passage pour l’inauguration avec « Les Pleureuses ». L’idée de refaire de la place une maison, qui a abouti à l’installation de Jonathan Macias sur la place. Ou, autre installation, la cartographie “sensible” de Jonas Laclasse où les gens sont invités à partager leurs souvenirs. Le fait de manger tous ensemble aussi, qui débouche sur le banquet de vendredi, avec le concours des commerçants. Il y avait mille choses à inventer pour cette place – comme toujours on avait trop d’idées, c’est le problème (rires).

Les spectacles, ce sont des propositions venues d’ailleurs que nous avons avant tout choisies parce qu’elles rentrent en résonance avec le projet. Le somptueux « Rictus », son éloge du pauvre, colle vraiment à la peau de Saint-Michel ! C’est un texte ancien qui met des mots sur l’état du monde qui font qu’ensuite, on voit son quartier de manière différente. Tout comme la « Happy Manif », une balade sonorisée au casque truffée de références cinéphiles – se mettre à danser sur « Les Demoiselles de Rochefort » dans son quartier, c’est quelque chose ! La réflexion sur le jeu et le monde du spectacle avec les deux propositions très drôles de l’Amicale de Production, ou le projet majestueux – et sans public ! – de Sarah Vanee « Lecture For Every One » dont on verra la restitution… Chacun de ces artistes, à leur manière, posent un regard sur comment on habite la ville.

Une idée de ce vers quoi ira Chahuts ensuite ?
Pas vraiment – c’est même le principe de notre démarche, de la recherche-action. Nous avons besoin maintenant de repartir en diagnostic, écouter la réalité pour repartir à nouveau. On attend la restitution des travaux du sociologue Mehdi Hazgui jeudi et samedi, et puis il y aura en 2016 la sortie du film « Travaux vous êtes ici » que Sébastien Farges tourne depuis quatre ans. Et, avant tout, cette édition, il faut qu’on la vive ! •

Recueilli par Sébastien Le Jeune

 


Une offre foisonnante
Autant vous le dire tout de suite, avec 15 propositions par jour sinon plus, tout ne sera pas dans notre agenda ! On ne saurait donc que trop vous conseiller de consulter le programme complet en ligne. Et d’en lire les “petites lignes”. Car, au-delà des spectacles et temps forts – de l’inauguration ce soir à 18h30 suivi d’un spectacle de l’excellent Jérôme Rouger, jusqu’au grand retour du bal sur la place samedi soir – il y en a pour tous les goûts : balades insolites dans le quartier, lectures, débats et rencontres, fabrication de soupe collective, “speed dating de récits”,  quizz musical, battle hip hop, karaoké, DJ sets... Et bien sûr la place et ses installations comme autant d’“espaces à vivre”.
Pensez surtout à réserver les spectacles : petites jauges et petits tarifs (gratuit ou 8-12€), ils devraient partir très vite.

www.chahuts.net

Photo : Au fil des interventions artistiques, des liens forts se sont créés avec les habitants et acteurs du quartier – ici, les commerçants. En Une, Aurélia Poppie Jane, chanteuse de Preminger, en « Liberté guidant Saint-Mich’ ». © Corina Airinei

 

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