L’équipe dirigeante l’admet volontiers : elle ne fut pas simple à préparer, cette saison 2015-2016 de l’Opéra de Bordeaux. L’équipe dirigeante l’admet volontiers : elle ne fut pas simple à préparer, cette saison 2015-2016 de l’Opéra de Bordeaux.

Car la grande maison n’est pas épargnée par la crise, et les collectivités locales qui la financent lui ont clairement imposé un régime sec. C’est donc une programmation « resserrée » (250 représentations contre 271 la saison passée) qui a finalement été présentée fin mai, avec un opéra annulé (« Les Noces de Figaro »), et une co-production prévue avec l’Opéra de Toulouse reportée. En voici quelques grandes lignes.

Sept opéras
La saison lyrique se déclinera en sept opéras et s’ouvrira sur « Don Carlos » de Verdi à l’Auditorium (nouvelle production dirigée par Alain Lombard, avec Elsa van den Heever en Elisabetta) suivi de la première mise en scène lyrique de la directrice du TnBA Catherine Marnas : « Simon Boccanegra », dirigé par Paul Daniel. Suivront « Samson et Dalila » et « Sémiramide » en version concert, « Les Caprices de Marianne », la reprise du « Tour d’écrou » (mis en scène par Dominique Pitoiset) avec Mireille Delunsh, et enfin « Les Chevaliers de la Table Ronde ».

Du beau monde à l’Auditorium
Pour l’Orchestre, Paul Daniel a conçu une saison marquée par un cycle consacré à William Shakespeare. Comme il aime à le faire, il proposera aussi des programmes associant grands noms du répertoire et oeuvres nouvelles. L’auditorium de Bordeaux verra aussi le retour de Lang Lang (17 nov.), le concert de Chilly Gonzales (21 nov.), Alexandre Tharaud (15 mars), Stacey Kent (en mai) et une belle place accordée au baroque avec l’Ensemble Pygmalion de Raphaël Pichon (avec Mozart le 16 déc. puis « La Passion selon Saint Matthieu » le 29 mars) ou les Arts Florissants (14 jan.). Le chef britannique souhaite aussi poursuivre son action d’ouverture aux publics non initiés, en proposant notamment des concerts d’une heure donnés le dimanche matin en formation symphonique (les “presto sympho”) pour 20€ (10€ pour les moins de 26 ans), « dans un esprit décontracté.»

Danse à Petipa
Le Ballet de l’ONBA, dirigé par Charles Jude, proposera cinq programmes, parmi lesquels deux classiques : le ballet romantique « Giselle », et la « Belle au Bois Dormant » pour les fêtes de fin d’année. Il reprendra aussi « Pneuma » monté pour lui par Carolyn Carlson et fera entrer à son répertoire « La Reine morte » de Kader Belarbi. La saison sera aussi marquée par le colloque international en l’honneur du chorégraphe Marius Petipa en octobre, et le programme des compagnies invitées : chorégraphies de Benjamin Millepied (7 nov. à Arcachon), Kader Attou (au TnBA), Mourad Merzouki (au Pin Galant)...

Le Choeur à l’ouvrage
Le choeur sera bien sûr au service de ces différentes productions mais s’attachera aussi, sous l’impulsion de son nouveau chef Salvatore Capputo, à développer ses activités « dans la ville ». À l’instar du joli rendez-vous qu’il a organisé ce samedi : un Hymne à la joie participatif prévu sur la place de la Comédie par le choeur, invitant le grand public à venir chanter avec lui.

Le Messie en guise d’au revoir
C’est sur le « Messie » de Haendel que toutes les forces artistiques de l’Opéra de Bordeaux réunies (orchestre, choeur, ballet) diront au revoir à Thierry Fouquet qui en fut le directeur pendant 20 ans. Mais c’est par la programmation d’un « Grand bal à l’Opéra » organisée par Arpeggio que celui-ci entend marquer son départ : « Une belle fête costumée proposée aux Bordelais et à des invités français et internationaux, dans le cadre d’une ambitieuse opération de mécénat. » En ces temps de vaches maigres, les mécènes seront plus que jamais les bienvenus à l’opéra. •


Sophie Lemaire

Abonnements ouverts (ouverture de la billetterie à l'unité le 8 septembre à 13h) : www.opera-bordeaux.com

Fouquet sur le départ
C’est un changement d’ère qui se prépare à l’Opéra de Bordeaux, avec le départ annoncé de son directeur Thierry Fouquet, aux manettes de l’institution bordelaise depuis 1996. Cette saison est la dernière qu’il prépare entièrement, mais le nom de son successeur n’est pas encore connu. Six candidatures doivent être auditionnées ce lundi : le duo de metteurs en scène bordelais Clarac et Deloeil, le directeur artistique du Capitole (Toulouse) Frédéric Chambert, celui de l’Opéra de Munich Viktor Schöner, la directrice de production du théâtre du Châtelet Laurence Marchand, les chefs Marc Minkowski (Musiciens du Louvre-Grenoble) et Niolette Fraillon (Australian Ballet).

Photo : « Les Caprices de Marianne » figure parmi les sept opéras de cette nouvelle saison. © Alain Julien